L'application Uber est au centre de toutes attentions, avec notamment un mouvement de protestation violent orchestré par des chauffeurs de taxi parisiens outrés de voir cette application ronger leurs parts de marché. A l'origine de l'application, la société, elle aussi, appelée Uber, « est une entreprise technologique qui développe et opère des applications mobiles de mise en contact des usagers avec des conducteurs réalisant des services de transport », lit-on sur l'encyclopédie en ligne Wikipedia, qui ajoute qu'elle est « est basée dans la ville californienne de San Francisco, aux Etats-Unis. Elle est valorisée à 41 milliards de dollars, cette année, et ses applications sont commercialisées dans plus de 250 villes dans le monde. Elle est dirigée par un de ses fondateurs, Travis Kalanick ». L'encyclopédie note également le rapprochement fait par ce service entre « une activité commerciale régulière de vente de service et une activité occasionnelle dispensée d'inscription et d'assurance professionnelle » pour souligner que son activité « se heurte à des accusations de concurrence déloyale et de travail au noir de la part des pouvoirs publics et des professionnels qui respectent la réglementation sociale, fiscale et administrative en vigueur ». Un peu partout dans le monde, les gouvernements sont interpellés par des professions menacées dans leur gagne-pain, à l'image des corporations de taxis qui ne cessent de crier leur ras-le-bol, notamment à Paris et Montréal. Au bout d'une énième action contre ce service, et particulièrement après une agression contre un usager de cette application, les chauffeurs de taxi parisiens sont parvenus à faire réagir le gouvernement. « De nombreuses infractions ayant été constatées, à la faveur des 481 opérations conduites contre les fraudeurs, j'ai décidé, au titre de l'article 40 du code de procédure pénale, d'enclencher une plainte », a annoncé le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, cité par le site du quotidien d'information gratuit 20minutes.fr qui lui prête également des propos tendant à dénoncer « l'attitude cynique et arrogante » de l'application Uber qui, ajoute-t-il, « considère, parce qu'elle se croit au-dessus des lois en raison de cette puissance, qu'elle est en situation de développer des activités complètement archaïques ». Des milliers de chauffeurs de taxi parisiens se sont mobilisés dernièrement pour dénoncer cette concurrence déloyale créant une ambiance de débordement et de perturbations avec des scènes de violence et des accrochages parfois assez violents. Dans la foulée de la prise en charge immédiate de ces revendications, le gouvernement français se trouve en face de ses propres limites, celles qu'impose l'étendue des services internet. Le ministre de l'Intérieur avait en effet demandé au préfet de Paris de prendre un arrêté pour interdire UberPop ; cette application offre aux particuliers l'opportunité de faire du transport de personnes. Mais, comme le souligne le site du quotidien lemonde.fr, celle-ci « est de facto illégale en France depuis le 1er janvier dernier et l'entrée en vigueur de la loi Thévenoud, qui réglemente l'exercice de la profession de chauffeur ». Et le site de pointer surtout Uber, un autre service proposé par la même entreprise, fait appel à des chauffeurs professionnels et salariés » et qui semble lui être resté tout à fait dans les limites de la légalité. Les chauffeurs de taxi, de leurs côtés, chauffent l'ambiance et demandent plus. Ils réclament en effet une interdiction pure et simple du service. Face à cette exigence, le ministre de l'Intérieur prend un peu de temps et de recul car, comme il l'explique, cela relève plutôt d'une décision de justice. Et les choses semblent un peu plus difficiles à obtenir, comme l'indique lemonde.fr qui explique que pour « bloquer une application, il faut obtenir son retrait des magasins d'applications en ligne, essentiellement ceux d'Apple et de Google, qui sont juridiquement responsables du contenu de leurs boutiques ». Et le quotidien français de rappeler que la problématique « s'était déjà posée en 2011 à propos de l'application Juif ou pas juif, qui proposait des listes de personnalités et demandait à l'utilisateur de deviner si elles étaient juives ou non — un classement selon la religion qui est illégal en droit français ». Même poursuivi en justice, Apple a eu le temps de trainer les pieds et de maintenir son application, jusqu'au moment où, écrit lemonde.fr, « La Licra s'était finalement désistée, et le créateur de l'application avait lui-même retiré son application de la vente ailleurs dans le monde ». Ce genre de différends ne sont pas simples à négocier et les gouvernements ont d'abord comme première solution de « se tourner directement vers les éditeurs et leur demander de désactiver les fonctionnalités ou services concernés sur le territoire », explique lemonde.fr, qui poursuit que dans le cas où « l'entreprise concernée venait à refuser, le gouvernement pourrait se tourner vers les magasins d'applications (Google et Apple) et demander le retrait pur et simple de Waze ou, dans le cas actuel, d'Uber en France ». Le chemin que semble avoir pris le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, lorsqu'il faisait savoir, fin de semaine, que « tous ceux qui fournissent les moyens numériques qui permettent le développement de cette activité sont aussi comptables du développement d'une activité illégale ». Il reste également une option, celle d'attaquer l'entreprise mère Uber, dont le siège est en Californie ; la voie semble tellement longue et sinueuse qu'elle est vite oubliée. Cela reste, donc, beaucoup plus au niveau du combat politique pour les pouvoirs publics français qui se sont mobilisés, avec le président François Hollande en tête pour dénoncer cette application qu'il a dit « soutenir une activité qui encourage l'économie souterraine, la clandestinité, l'évasion fiscale, la fraude aux cotisations sociales, c'est quand même une manière de modernité qui ne relève pas du tout de la conception que j'ai de ce que doit être l'économie moderne ». Selon les informations publiées par le site www.capital.fr, Hollande, qui était au sommet européen de Bruxelles, a trouvé le temps de dénoncer la violence des chauffeurs de taxi qui a débouché sur plus de 70 véhicules brûlés et fait savoir tout de même que « Uber Pop doit être dissous et déclaré illégal ». Malgré cette levée de boucliers, les dirigeants de la société Uber ont réitéré leur volonté de continuer à proposer leurs services « de mise en relation grâce à Uber Pop de chauffeurs et de clients pour le transport payant de passagers, bien qu'elle soit interdite par la loi Thévenoud d'octobre 2014 », note capital.fr, qui s'est rapproché du directeur général d'Uber France, Thibaud Simphal, qui, rapporte-t-il, « a notamment estimé que les arrêtés pris par des préfets sur instruction du gouvernement pour interdire l'utilisation d'Uber Pop, ne « changeaient rien » et qu'il y aurait toujours des clients et des conducteurs pour utiliser ses services. Au-delà des péripéties de l'actualité politique, ces nouvelles tendances nées d'applications de travail partagé portent en elles-mêmes les signes de bouleversements socioéconomiques induits par les nouveaux usages des technologies de l'information et de la communication qu'il devient de plus en plus difficile d'occulter. Dans une intéressante analyse publiée sur le site www.slate.fr, sous le titre « Amazon, Uber : le travail en miettes et l'économie du partage des restes », les questions de fond soulevées par ces nouvelles tendances sont évoquées. L'auteur part du postulat qu'en ces temps de crise et de rareté des opportunités de travail, « les services qui permettent à des jeunes, des étudiants, des retraités, des femmes au foyer, des chômeurs de trouver un petit revenu peuvent constituer, faute de mieux, un rempart contre la pauvreté », ce qui est une argumentation, ajoute-t-il « d'ailleurs toujours mise en avant par ces entreprises de mise en relation entre offreurs et demandeurs ». Le site donne comme modèle de ce partage de tâches un « exemple de ce travail occasionnel, en 2005, Amazon a lancé le site Mechanical Turk, sur lequel des internautes peuvent remplir de micro-tâches moyennant de micro-salaires ». Une initiative qui est parvenue à fédérer une communauté d'usagers (500.000 dans le monde, selon ce site) et à se constituer en collectivité consciente, agissant depuis l'université de Standford (Etats-Unis) qui a adressé une campagne de doléances à Jeff Bezos patron d'Amazon, à l'occasion des fêtes de fin d'année 2014. En regardant de près le contenu de cette campagne de requête, le site slate.fr a pu remarquer que « nombre de lettres étaient des témoignages poignants de gens qui remerciaient le géant de la distribution en ligne de leur avoir permis de toucher un peu d'argent ou de trouver un mode de travail adapté à une situation compliquée ne les autorisant pas à chercher un travail salarié à plein temps ». Le site a intégré le point de vue d'un économiste reconnu, ancien secrétaire d'Etat au Travail sous l'administration Clinton, Robert Reich, qui est également un analyste du marché du travail et à ce titre, il s'est intéressé à ces nouveaux créneaux qu'il qualifie d'« économie du partage des restes ». Sur le site salyte.fr, cet économiste donne la définition suivante : « De nouvelles technologies informatiques rendent possible le fait que pratiquement tout emploi puisse être divisé en des tâches discrètes qui peuvent être morcelées entre travailleurs le moment voulu, avec une rémunération déterminée par la demande pour ce job particulier à un moment particulier. » Ce que le journaliste de ce site résume ainsi : « Tout emploi peut être divisé en des tâches discrètes qui peuvent être morcelées entre travailleurs le moment voulu. »