« Il faut oublier les sommets européens et les réunions du G7. Les pays qui affichent une réelle croissance vont se réunir au cœur de la Russie, présidée par Vladimir Poutine », écrit The Guardian. Moscou entend montrer avec ce sommet des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) que son isolement sur la scène internationale depuis son expulsion du G8 est un « mythe ». Mieux, elle est parmi les architectes qui préfigurent un monde nouveau, dans lequel l'Occident ne dominera pas. Au menu de ce sommet qui se tiendra à Oufa, capitale du Bachkortostan, près de l'Oural : la mise en place d'une banque de développement des Brics, qui devrait être opérationnelle d'ici la fin de l'année, et les « problèmes internationaux » comme l'Ukraine, la Grèce et la menace posée par Daech. Dans la foulée de ce septième sommet qui accueille les représentants de 40% de la population mondiale et d'un cinquième du PIB de la planète, Poutine accueillera un autre rendez-vous au sommet, celui l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), un organisme régional politique auquel veulent adhérer l'Inde et le Pakistan. La nouvelle banque de développement des Brics, dont la création a été décidée à Fortaleza (Brésil) en juillet 2014 et dont le siège est à Shanghai est sur les rails. Au capital déclaré de 100 milliards de dollars, elle sera l'une des plus grandes institutions financières. L'apport de la Chine sera de 41 milliards de dollars et celui de la Russie, de l'Inde et du Brésil de 18 milliards de dollars. L'Afrique du Sud apportera 5 milliards. Elle financera de grands projets d'infrastructures, mais sans assortir ses prêts de conditions contraignantes comme le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale, qu'elle vient directement concurrencer. Objectif à long terme de ces pays : s'affranchir des institutions financières issues de Brettons Woods, réduire l'influence des Etats-Unis dans le monde, créer leur propre agence de notation, échanger entre eux en devises nationales. Selon les statistiques du FMI, au cours des 10 dernières années, la contribution des pays du Brics au taux de croissance économique mondiale, a représenté de plus de 50% de celui-ci. Le « Rapport international sur les perspectives économiques », publié cette année par le FMI, montre que la croissance économique des pays du Brics a été plus forte que celle des pays développés, qu'elle a dépassé le taux de croissance mondial moyen, et sa contribution au taux de croissance de l'économie mondiale est également en augmentation.