Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a dit ses vérités sur la situation économique du pays. Il a affirmé que son gouvernement maitrise parfaitement la situation économique du pays. S'exprimant lors de son passage, jeudi dernier, à la télévision algérienne, le Premier ministre a affirmé que le gouvernement avait anticipé en décidant, fin 2014, une batterie de mesures à même de mieux affronter cette crise et, surtout, mettre en œuvre un programme « très clair » pour donner un nouveau souffle à l'économie nationale. Aujourd'hui et grâce aux mesures « audacieuses » et « salutaires » du président de la République et grâce aux réserves de change l'Algérie, ajoute Sellal, « a une marge de manœuvre suffisante » pour faire face à la chute des prix du pétrole, sans désagréments majeurs et, surtout, sans toucher aux acquis sociaux. Pas d'endettement extérieur Sellal a écarté l'éventualité de voir le pays recourir à l'endettement extérieur. Pour lui, c'est une question qui ne s'est jamais posée au sein de l'Exécutif. Toutefois, il a indiqué qu'il est bien temps de mettre en place une économie productive, créatrice de richesse et de la valeur ajoutée et en finir avec la dépendance aux hydrocarbures. Même si, rassure-t-il, l'« Algérie est et demeurera une puissance énergétique ». Toutefois, il a insisté sur la rationalisation de la consommation du carburant et la lutte contre le gaspillage. Il a jugé « irréaliste » et « inconcevable » le prix du diesel. L'invité de la télévision a rappelé que son gouvernement adoptera une politique de « rationalisation » des dépenses publiques et non une politique d'austérité « génératrice de pauvreté ». Pour lui, les Algériens ont adopté un autre mode de vie et c'est au gouvernement d'être à la hauteur des attentes des citoyens. Le Premier ministre a indiqué que les mesures prises par son gouvernement ont commencé à donner des résultats : le produit intérieur brut (PIB), hors hydrocarbures, a atteint 7%, la facture des importations de médicaments a baissé tout comme celle des véhicules, qui vont s'établir à 150.000 unités en 2015 contre plus de 400.000 en 2014, selon Sellal. Dans le cadre de la rationalisation des dépenses, il a promis de réduire les importations des véhicules à travers, notamment, l'entrée en vigueur du nouveau cahier des charges. « On ne peut plus continuer à financer les usines à l'étranger », a-t-il justifié. Investissements : finie la gestion administrative Les revenus pétroliers ont diminué de 47% durant le premier trimestre 2015, selon Sellal. Mais rien ne semble perturber la sérénité de l'Exécutif. Celui-ci mise sur l'investissement dans le secteur économique privé et public. « Les crédits à l'économie ont augmenté progressivement et les banques vont poursuivre dans cette dynamique », a-t-il annoncé, et de rappeler que l'investissement est un acte économique et nullement administratif. Pour lui, la gestion administrative de l'investissement est révolue. A cette occasion, le Premier ministre a annoncé la dissolution des Calpiref (Comité d'assistance à la localisation et à la promotion des investissements et de la régulation du foncier), qui s'occupaient, jusque-là, de l'investissement dans les wilayas. Sellal a également annoncé la création, avant la fin de l'année, de 31 parcs industriels. Il a précisé que le lancement de ces projets se fera en septembre prochain. En parallèle, l'Exécutif est décidé à lutter contre la fraude fiscale afin d'intégrer l'argent qui circule dans l'informel dans le circuit bancaire pour qu'il soit utilisé dans des opérations d'investissement. Et là, il a affiché la disponibilité du gouvernement à réglementer le secteur informel qui engrange plus de 3.000 milliards de dinars. Sellal a souligné que le gouvernement facilitera la tâche aux entreprises pour qu'elles puissent régulariser leur situation vis-vis de la sécurité sociale. Comme il a annoncé l'entrée en vigueur, à la fin de l'année en cours, de la licence d'importation sans omettre l'assainissement du marché des importations. Il a fait savoir que l'objectif du gouvernement n'est pas de réduire les importations, mais de maîtriser cette activité. Le Premier ministre a insisté sur la confiance entre l'Etat et les citoyens pour aller vers une économie forte et productive. « Nous ne sommes pas dans la méfiance », a-t-il dit. S'agissant de la dépénalisation de l'acte de gestion, Sellal a indiqué que les décisions prises dans ce sens par le président de la République, lors du Conseil des ministres, mercredi dernier, sont audacieuses et historiques. Très attendue par le monde du travail, la réunion de la tripartite aura lieu début octobre dans la wilaya de Biskra, a annoncé le Premier ministre. Outre les invités habituels, à savoir le gouvernement, l'UGTA et le patronat, la réunion verra la présence du directeur général du Bureau international du travail (BIT). Pour ce qui est de la rentrée sociale, Sellal a rassuré que celle-ci se déroulera d'une manière ordinaire et toutes les mesures ont été prises pour cela. Il a évoqué, entre autres, l'entrée en vigueur de la suppression de l'article 87 bis qui profitera, notamment, aux bas salaires. Autre annonce : la délivrance des premières cartes d'identité biométriques (CNI) pour janvier 2016. « Nous allons utiliser les données biométriques réunies lors de la confection des passeports biométriques pour établir la CNI biométrique. Le citoyen ne se déplacera pas dans les APC pour obtenir sa carte, il la recevra chez lui, à la maison », a-t-il promis. Concernant l'Ansej, le Premier ministre a rassuré les jeunes que ce dispositif ne sera pas annulé. Toutefois, il a appelés ces derniers à se lancer dans des activités productives. « Nous sommes ciblés » L'Algérie est-elle visée ? Pas l'ombre d'un doute, répond Sellal. C'est pourquoi il a insisté sur l'impératif de consolider et renforcer le front interne pour couper l'herbe sous les pieds des aventuriers. « Nous sommes ciblés. Libre aux gens de faire de la politique. Ce n'est pas interdit. Mais l'intérêt de l'Algérie doit passer avant tout », a-t-il soutenu. Sellal a reconnu que le pays est arrivé à un point de non retour. C'est pourquoi « il faut avancer, placer l'Algérie à la place qui est la sienne en matière de développement économique ». « Nous disons la vérité au peuple algérien. Il est temps d'aller vers une économie en dehors des hydrocarbures. Voilà notre politique, la politique du président de la République. Il faut seulement être ambitieux et avoir le courage. Nous le disons loin de tout calcul politique », lance Abdelmalek Sellal.