La santé est un domaine de multiples applications numériques destinées à améliorer le confort et le bien-être des utilisateurs. Avec l'avènement de l'internet des objets, les perspectives de développement de nouveaux créneaux d'utilisation se multiplient. Le géant de l'industrie pharmaceutique français Sanofi et le géant des algorithmes de recherche sur internet Google ont conclu cette semaine une sorte de partenariat visant à améliorer leurs compétences dans les domaines de la recherche et de la prise en charge du diabète. Un marché très convoité dans le monde selon une analyse du site de l'hebdomadaire français lepoint.fr qui explique en effet qu'il est « évalué entre 26,4 et 27,3 milliards d'euros par an ». Il ne cesse de progresser, selon IMS Health (une entreprise américaine qui réalise des études et propose des conseils aux industries du médicament). Elle prévoit une croissance de 15% dans les cinq prochaines années. Selon la dernière édition de l'Atlas du diabète de la Fédération internationale du diabète, le nombre de personnes atteintes de cette maladie chronique passera de 382 millions à 592 millions à l'horizon 2035. Il s'agit donc d'un véritable problème de santé publique, voire d'une « pandémie mondiale » qu'il est impératif de combattre avec toutes les technologies les plus modernes. L'annonce fait la une de l'actualité en ce début de rentrée sociale. « Google s'allie à Sanofi dans la prise en charge du diabète », peut-on lire sur la « manchette » du site d'information http://lexpansion.lexpress.fr. Du côté de Google, c'est la division sciences de la vie qui a pris les choses en main pour rallier ce grand projet. Mais c'est beaucoup plus du côté de Sanofi que la communication est montée en cadence pour présenter cette grande avancée susceptible d'« améliorer la prise en charge et les résultats cliniques des personnes atteintes de diabète de type 1 et type 2 », indique un communiqué de la société à Paris. Les deux géants se sont ainsi entendus pour la mise en place d'une nouvelle structure organisationnelle qui reposera sur une entité mondiale baptisée « diabète et cardiovasculaire » à la tête de laquelle trônera la vice-présidente exécutive de Sanofi, Pascale Witz. Le groupe pharmaceutique a expliqué dans les grandes lignes les motivations de ce redéploiement qui permettra aux deux partenaires d'examiner « les moyens d'améliorer la prise en charge du diabète en développant de nouveaux outils qui rassemblent un grand nombre d'aspects, auparavant cloisonnés, de la gestion », lit-on dans le communiqué de Sanofi. Il y a une grande ambition des deux opérateurs de parvenir à « permettre de nouveaux types d'interventions », en mettant en synergie l'étude des indicateurs de santé, « tels que la glycémie sanguine et les niveaux d'hémoglobine A1c, les informations rapportées par les patients, les régimes médicamenteux et les dispositifs de détection », et également en associant « leurs expertises respectives en sciences et en technologie, pour travailler sur de meilleures façons de collecter, d'analyser et de comprendre les multiples sources d'information impactant le diabète », indique le communiqué de Sanofi. L'objectif de réduction des coûts des soins n'est pas occulté dans ce nouveau partenariat qui vise à « faciliter la gestion de leur diabète par les patients afin de réduire le risque de complications et in fine, d'abaisser le coût des soins, espèrent les partenaires », selon le site lexpansion.lexpress.fr qui se fait également l'écho des nombreuses déclarations des responsables de Sanofi, dont le directeur général, Olivier Brandicourt, qui estime que par la qualité de « leader mondial dans le traitement du diabète, nous avons à la fois le devoir et l'engagement de proposer des solutions intégrées aux personnes atteintes de cette maladie », ajoutant que « cette initiative combine les atouts et le savoir-faire de Sanofi dans le diabète avec le leadership de Google en matière de technologie et d'analyse, afin de lancer une initiative unique en son genre ayant le potentiel de transformer le traitement du diabète », toujours cité par le même site d'information. Les responsables de Google ont de leur côté mis en avant les atouts de leur participation à cette innovation, par l'entremise d'un communiqué signé d'Andy Conrad, directeur général de la division sciences de la vie : « Avec l'arrivée de nouvelles technologies permettant de suivre en continu et en temps réel l'état de santé des patients, nous pouvons envisager des méthodes plus proactives et efficaces de contrôle du diabète ». La déclaration du responsable de Google se comprend lorsque l'on sait, comme le souligne le site de l'hebdomadaire français lepoint.f, que « Google développe actuellement des lentilles de contact intelligentes, munies de capteurs miniaturisés permettant de mesurer en permanence le taux de glucose (en partenariat avec Sanofi, les laboratoires Novartis) ». De son côté, le site de l'hebdomadaire français lepoint.fr s'est intéressé aux dessous de ce mariage qui, explique-t-il, peut paraître être celui « de la carpe et du lapin » », mais il ajoute qu'à y regarder de plus près, on comprend le sens du passage du communiqué commun des deux sociétés indiquant que cela va permettre de « combiner le leadership de Sanofi dans le domaine des traitements et des dispositifs médicaux dans le diabète à l'expertise de Google en matière d'analyse de données, d'électronique miniaturisée et de puces de faible puissance. » Le site donne la parole à John L. Brooks III, président et directeur général du Joslin Diabetes Center, partenaire de cette collaboration qui estime « très encourageant de voir des acteurs innovants des mondes de la santé et de la technologie chercher à fournir des outils de pointe et des technologies permettant l'amélioration des soins, pour aider les personnes atteintes de diabète à gérer leur maladie », expliquant sur le site de l'hebdomadaire lepoint.fr que « la technologie, les capteurs, les analyses et les solutions numériques vont révolutionner la façon dont les taux de glycémie sont gérés. Ce qui offrira une meilleure qualité de vie, réduira le risque de complications, abaissera les coûts et les obstacles associés à la prise en charge du diabète. » La presse spécialisée a fait la « chasse » aux experts pour avoir leurs avis sur les retombées de cette alliance qui marquera le monde de la santé numérique. Comme les autres rédactions, le quotidien d'information gratuit 20minutes.fr s'est entretenu avec Laurent Alexandre, « chirurgien urologue, spécialiste du big data dans le domaine de la santé, également fondateur de Doctissimo et DNAVision, une société de séquençage ADN », selon lequel il y a « une nécessité stratégique » pour Sanofi de s'allier avec Google, ce qui lui permet, ajoute-t-il, de s'inscrire de plain-pied dans la médecine 3.0 ». D'après ce spécialiste, l'avenir de la santé numérique est dans l'exploitation des données, d'où le grand enjeu, voit-il, dans les possibilités de « traiter les milliards d'informations qu'on aura sur chaque malade. On va bientôt avoir le séquençage ADN personnalisé. Cela représente 10.000 milliards d'informations par malade ». A partir des analyses du site 20minutes, on déduit que le gros paquet mis par Sanofi sur la communication sur cet événement contient « une part d'effet d'annonce de la part du labo », écrit le site qui considère en effet que « pour des raisons boursières, Sanofi ne peut rester à l'écart de cette médecine à base d'algorithmes. D'autant que des laboratoires concurrents comme Novartis ont déjà franchi le pas en développant des lentilles de contact intelligentes, permettant de mesurer en temps réel le taux de glucose des patients ». A l'occasion, le site de l'hebdomadaire français lexpansion.lexpress.fr a lui aussi fait la tournée des spécialistes, en invoquant l'omniprésence des objets connectés dédiés à la santé lors du dernier salon spécialisé de Las Vegas. Il considère néanmoins que le phénomène n'est pas qu'un effet de mode et s'appuie, écrit-il, sur la première vague du « Baromètre Santé 360 », réalisé par Odoxa pour Orange et la mutuelle MNH dans lequel il est indiqué que « 81% des médecins estiment que la santé connectée est une opportunité pour la qualité de soins » et 91% jugent qu'elle est « une opportunité pour améliorer la prévention » des maladies chez les patients. Pour l'analyste du site, les applications mobiles de suivi des indicateurs de soi deviennent de plus en plus « comme l'un des axes de la santé du futur », d'autant explique-t-il, que de l'avis de nombreux médecins, les nouvelles technologies sont bénéfiques, dans ce cas, pour les malades chroniques. En effet, ces « médecins jugent que ces objets sont avant tout utiles pour ceux qui souffrent de maladies chroniques ou d'affections de longue durée (à 70%), mais dans une moindre mesure pour les plus jeunes (37%), selon le sondage d'Odoxa, réalisé auprès de 399 médecins généralistes et spécialistes », rapporte le site ajoutant que « 93% pensent qu'ils contribuent à la prévention des risques de santé comme l'obésité, le diabète ou l'hypertension. » Pour un autre praticien, le docteur Nicolas Postel-Vinay, fondateur du site Automesure.com et spécialiste de l'hypertension artérielle à l'Hôpital européen Georges-Pompidou , consulté par le site, « ce genre d'objets est intéressant pour les personnes qui connaissent bien leur pathologie et savent quels sont les signaux d'alerte. » Malgré les progrès enregistrés par les nouvelles technologies, les médecins sont presque unanimes à considérer que la présence de l'élément humain est toujours indispensable. Le site lexpansion.lexpress.fr, convaincu par l'idée que automesure ne veut pas dire autodiagnostic, a pris avis auprès de Christine Bertin-Belot, médecin homéopathe et présidente du directoire de l'association Femme Médecin Libéral, laquelle croit que ces mesures relevées par les jojos technologiques, « ont toujours besoin d'être interprétées, car elles se réfèrent à des moyennes, qui ne sont pas valables pour tout le monde. Par exemple, dépasser de peu la moyenne peut signifier la dépasser beaucoup trop, en fonction de ses antécédents. Cette interprétation ne peut être faite que par le corps médical ».