Cet accord, annoncé dans l'après-midi de samedi dernier par le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, et confirmé, dans la soirée, par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a « favorablement » été accueilli, hier, par la Jordanie, gardienne de ce site, en vertu d'un statu quo hérité du conflit de 1967. « Les déclarations du Premier ministre israélien samedi soir et son engagement à maintenir le statu quo sont accueillis favorablement et représentent un pas dans la bonne direction », a déclaré le ministre jordanien des Affaires étrangères, Nasser Judeh, affirmant que « le maintien du statu quo sur l'esplanade des Mosquées est une priorité absolue pour la Jordanie ». Le Premier ministre israélien avait, en effet, assuré « maintenir le statu quo », qui ne permet pas aux non-musulmans de prier sur l'Esplanade. Il a ajouté, hier, que la proposition du roi de la Jordanie, Abdallah II, d'installer des caméras de surveillance sur le site est « dans l'intérêt » de son pays. Cette avancée est qualifiée d'« excellente » par le secrétaire d'Etat américain. Le chef de la diplomatie américaine s'exprimait à l'issue d'entretiens séparés avec le roi Abdallah II et le président palestinien, Mahmoud Abbas, à Amman. Israël est finalement d'accord pour « respecter pleinement le rôle particulier » de la Jordanie, avait-il précisé en assurant que l'Etat hébreu « n'a pas l'intention de diviser l'esplanade ». En outre, Kerry s'était félicité « de la coopération accrue entre les autorités israéliennes et jordaniennes » qui doivent se réunir « prochainement » pour renforcer le dispositif de sécurité sur ce lieu. Il a exprimé l'espoir de pouvoir « commencer à tourner la page de cette période très difficile » qui a fait 53 morts du côté palestinien et 9 du côté israélien. « Nous devons insister sur l'importance d'éviter les actions et la rhétorique provocatrices et nous devons travailler ensemble pour rétablir le calme », préconise-t-il. Mais les Palestiniens exigent des « actes ». Le numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine, Saëb Erakat, a, en effet, affirmé, hier, que « nous ne jugeons pas sur les mots mais sur les actes ». Après l'incendie visant un véhicule d'un Palestinien et la découverte de graffitis de juifs extrémistes, Erakat a estimé que « les déclarations de Netanyahu ne sont que des mots, pas des actes concrets. Aujourd'hui, des colons israéliens nt à nouveau souillé Al-Aqsa et brûlé une voiture à al Qods ». Une personnalité influente du Fatah, Nabil Chaath, a souligné, de son côté, qu'« il n'y aura pas de calme sans horizon politique pour mettre un terme définitif à l'occupation » tout en accusant Netanyahu de jouer sur « la définition du mot statu quo » qui reste, pour lui, celui instauré en 1967 et maintenu jusqu'en 2000. « Nous ne voulons pas, dira-t-il, du statu quo tel qu'il (Netanyahu) l'entend », rappelant la visite de l'ancien Premier ministre israélien, Ariel Sharon, sur l'esplanade, qui avait déclenché la deuxième Intifada en 2000. La solution idoine réside dans l'administration par la fondation islamique du site qui retrouve la gestion de l'esplanade et en contrôle les accès, les policiers et la sécurité de la force occupante se retirent et les colons et les extrémistes cessent leurs attaques », a souligné Chaath.