La crise de la farine commence à se faire sentir ces dernières semaines. Plusieurs boulangers ont fermé carrément boutique devant la rareté et la cherté du produit. Tout porte à croire que si cette crise perdure davantage, la conséquence sera sûrement une hausse du prix du pain que les boulangers ont toujours revendiquée. Mais qu'est ce qui a fait naître ce déséquilibre? Pour Abdelkader Taieb Ezzraimi, PDG du groupe semoulerie industrielle de la Mitidja (SIM), qui possède 11 minoteries, cette rareté n'est qu'une affaire d'offre et de demande. «La demande est plus élevée que l'offre du fait que les minotiers au nombre de plus de 200, selon les statistiques de l'ANDI, sont approvisionnés par l'OAIC (office algérien interprofessionnel des céréales), en blé tendre à hauteur de 50 % de leurs capacités de production », observe-t-il. Ce qui a aggravé la crise, explique le patron du groupe SIM, ce sont les boulangers qui ont pris l'habitude de s'approvisionner auprès des grossistes pour éviter l'établissement de factures. «Je défie quiconque, boulanger ou autre, d'apporter des preuves que les minotiers refusent de vendre la farine. Nous sommes là, disponibles pour les en approvisionner au prix de 1970 DA le quintal», soutient M. Ezzraimi précisant que son entreprise produit 2500 tonnes de farine par jour dont 1100 tonnes de blé tendre et 1400 tonnes de blé dur. Pour le quota des 50% restant, le groupe s'approvisionne en blé auprès des importateurs privés. Or, cette pratique est devenue quasiment interdite du fait d'une taxe imposée par l'Etat et jugée trop élevée par les minotiers, étant donné que le prix de revient devient de facto nettement supérieur à celui subventionné par l'Etat qui est de 1285 DA le quintal. L'ETAT DOIT FIXER LES MARGES DE CHAQUE INTERVENANT Face à cette situation, le PDG de SIM n'écarte pas le phénomène de la spéculation. Ainsi des grossistes, entre autres, stockent la farine pour faire flamber les prix. Une explication que le SG de l'union générale des commerçants artisans algériens (UGCAA), Salah Souilah récuse. « Ce sont les minotiers qui ont créé cette crise de la farine et en particulier ceux de la wilaya de Blida. Ils exigent des boulangers et des grossistes une vente concomitante en leur imposant des pâtes comme condition à tout approvisionnement en farine », affirme-t-il tout en prédisant que le marché de la farine demeurera toujours sous l'effet de la spéculation si l'Etat ne contre pas le phénomène. « Les gens se rejettent la responsabilité. Le minotier et le grossiste s'accusent mutuellement. Alors les pouvoirs publics doivent réfléchir à plafonner le prix de la farine où chaque intervenant dans la chaîne de production et de vente aura une marge de bénéfices bien précise», propose Salah Souilah. Pour le PDG de SIM, seul des dispositifs judicieux pourraient éliminer les spéculateurs et garantir une stabilité à ce créneau d'activité et par la même occasion garantir le prix du pain fixé par l'Etat. Comment ? Il suggère de procéder à un recensement exhaustif et réel de toutes les minoteries existantes pour les identifier et éviter ainsi une production informelle. En outre Taieb Ezzraimi, appelle à l'augmentation des quotas de blé destinés aux minoteries en exercice, lesquelles doivent respecter les conditions prescrites par l'Etat à savoir la non revente du blé, la vente de la farine prioritairement aux boulangers et le respect des prix fixés par l'Etat. Il propose également que les boulangers s'approvisionnent en farine directement auprès des minoteries. Pour sa part le SG de l'UGCAA, propose la baisse des impôts et les frais de charges « que subissent les boulangers » pour les aider à faire face aux aléas de la spéculation et maintenir le pain à son prix actuel.