« Ce dossier, à caractère social, est sensible et complexe », a reconnu le ministre des Finances devant les membres du Conseil de la nation, dans le cadre des débats sur la loi de finances pour 2016. A moyen terme, le gouvernement veut « une maîtrise graduelle de ce processus tout en préservant la politique de solidarité nationale et de protection des couches défavorisées et des personnes aux besoins spécifiques », a-t-il affirmé. Il est question de procéder à « l'analyse des aides et subventions selon une méthodologie précise qui montre la distribution de ces aides en tenant en compte les périmètres géographiques et les populations qui en bénéficient », a-t-il signalé. La révision de la politique de subventions et d'aides directes concerne neuf catégories à savoir l'aide au logement, aux familles démunies, à l'éducation et à la formation, à l'électricité et au gaz, aux produits de première nécessité (sucre, blé, lait, et huile), aux retraités, à la santé, aux moudjahidine, aux citoyens démunis et aux personnes aux besoins spécifiques, à la gestion des entreprises déficitaires, à l'eau potable et au transport aérien dans certaines régions du sud. Ces données vont être analysées avec des experts. Ce travail va être accompli, graduellement, après l'entrée en vigueur de l'augmentation des prix du gaz et de l'électricité. « Les opérations économiques de la LF 2016 ne vont pas toucher les couches défavorisées », a-t-il précisé. A propos de la bancarisation des fonds circulant dans le marché informel, le ministre a annoncé que la date butoir de cette opération est fixée au 1er janvier 2017. « Cela va permettre le lancement des opérations pour inciter les opérateurs d'autant que les banques vont lancer de nouveaux produits intitulés à la faveur de cette opération », a expliqué Benkhelfa. Au sujet de l'ouverture du capital des entreprises publiques, il a souligné qu'elle vise à réaliser « des opérations d'extension et de modernisation » dans le cadre d'un cadre légal clair qui leur permet de ne pas compter seulement sur le Trésor public ». Réévaluer le dinar à travers la compétitivité En précisant que la question de la valeur du dinar et la politique de change relèvent exclusivement des prérogatives de la Banque d'Algérie, le ministre a expliqué que le gouvernement œuvre à « renforcer le dinar à travers la compétitivité et non en tenant compte seulement de sa valeur sur le marché extérieur ». Pour lui, la force de la valeur de la monnaie nationale dépend aussi d'« une économie forte et de la crédibilité des opérateurs qui opèrent sur le marché ». Il a dénoncé des pratiques de fraude et de surfacturation excessives et a évoqué la nécessité du « renouvellement de la politique monétaire et de l'utilisation des techniques modernes de contrôle ». Le ministre des Finances a souligné que les nouvelles mesures fiscales introduites dans cette loi vont permettre « l'amélioration des instruments de recouvrement des impôts des grandes entreprises ». Aussi, les services des impôts ont recouvré plus de 25 milliards de dinars de recettes fiscales auprès d'entreprises, durant les neuf premiers mois de 2015, dans le cadre des opérations de redressement fiscal. Les recettes ont augmenté de 15% depuis l'application du nouveau taux de la taxe sur le bénéfice des sociétés (IBS) et qui a concerné 30.000 entreprises dont 50% sont de grandes entreprises et des multinationales ayant bénéficié des aides fiscales au moment de leur installation en Algérie. Les recettes des PME restent encore « faibles » en dépit de l'allégement des procédures fiscales. Le ministre a relevé le taux important des amendes restées impayées. A propos de la politique énergétique, Benkhelfa a précisé que le gouvernement vise « une maîtrise » de l'utilisation des énergies et œuvre à « la rationalisation de l'utilisation des énergies et l'incitation des grandes entreprises à utiliser des énergies propres et économiques, et à mettre en place un plan d'efficience et d'efficacité à travers la promotion des énergies renouvelables ». Interrogé, par les sénateurs, sur la croissance et le développement économique, le ministre a tenu à rassurer qu'« une équipe d'experts est chargée du suivi des fluctuations des prix du pétrole ». A long terme, le gouvernement « a ses propres hypothèses sur le marché du pétrole mais aussi sur la restructuration interne afin de permettre au pays de sortir de la dépendance aux hydrocarbures ».