De nouvelles marques de produits ont fait leur apparition. La nouveauté ? Des produits destinés aux filles. L'emballage en rose d'une pyramide, avec le dessin d'une petite fille entourée d'étoiles attire l'attention. « C'est un produit en forme de volcan mais il n'est pas explosif, il illumine la nuit avec différentes couleurs. Il st destiné beaucoup plus aux enfants, notament aux fillettes », indique Samir, un revendeur de pétards à Djamaâ Lihoud. Le « Volcan » est cédé à 200 DA. Son voisin intervient : « il y a un modèle similaire mais destiné aux garçons. C'est très demandé par les parents qui n'aiment pas les explosifs et les risques, mais je vous assure que les filles préfèrent beaucoup les explosifs », affirme-t-il. Un autre nouveau produit qui a du succès auprès des enfants : « le Bouq », sur lequel est mentionné « Super blitz ». Il est cédé à 120 DA. « On fait exploser cinq bouq à la fois, ça donne un bruit très fort comme une rafale de mitraillette, soiligne le vendeur. A la rue Tanger, le revendeur parle de l'engouement des enfants pour le « ballon explosif » cédé à 30 DA. « Basla » pour les « guerres » de quartier Les pétards fabriqués traditionnellement sont très prisés par les jeunes notamment dans les quartiers populaires. Yassine, résidant à Bab El Oued, souligne qu'une « bombe » traditionnelle nommée « Basla » (oignon) est cédée à 5.000 DA. « Elle se vend comme des petits pains à l'approche du Mawlid et à l'occasion des mariages. Elle a la forme d'un oignon et est fabriquée en tôle et bourrée de déchet métaux. Elle est explosive et dangereuse », dit-il. Farid a révélé également que des jeunes procèdent au mélange d'acide et d'aluminium. « On dirait l'explosion d'une bombe », dira-t-il Pour ce jeune revendeur au marché Reda Houhou, ce sont les parents qui choisissent les produits les plus dangereux ou cèdent aux caprices de leurs enfants. « D'autres préfèrent les fumigènes notamment les jeunes qui fêtent le Mawlid en groupe à l'occidental. La vente dépend du quartier ou de la classe sociale. Les pétards et les bougies sont très vendus dans les quartiers populaires où les gens célèbrent cette tradition dans l'ambiance et ne peuvent pas se passer des explosions », précise-t-il. Ce marché est lucratif ce qui explique le risque pris par ces jeunes marchands. Un revendeur gagne en moyenne 20.000 DA par semaine. « Je suis chômeur, et je profite de cette période pour me faire un peu d'argent », affirme l'un d'entre eux. Et d'ajouter : « la vente de ces produits est interdite, mais je ne peux faire autrement, je n'ai pas le choix ». Sid Ali, lui, a décidé de changer d'activité le temps d'un Mawlid. Revendeur informel de vêtements, il profite de l'opportunité pour « arrondir » ses profits. « Je vends des pétards et de la rechta. Les gens aiment bien fêter cette tradition », résume-t-il. Un choix de parents aussi... Ahmed, un père de famille, se dit obligé d'acheter ces produits. « Je ne conçois pas le Mawlid sans pétards, c'est ce qui fait son charme mais je surveille mes enfants pour la bonne utilisation des pétards », dit-il. Une femme rencontrée à Djamaâ Lihoud a déploré l'augmentation des prix. « Je dépense 5.000 DA généralement pour ces produits. J'ai quatre enfants et je ne veux pas les priver de la fête, cela fait partie de nos traditions, mais les prix sont élevés cette année », se plaint-elle. Une autre dame s'emporte : « on parle d'austérité, on déplore la baisse du pouvoir d'achat et on brûle en même temps des milliards en une nuit, il faut que ce peuple soit conscient et qu'il arrête de gaspiller son argent », estime-t-elle. Un marchand de légumes intervient : « qui a permis cette situation, qui sont les fournisseurs et les importateurs qui inondent le marché informel ? ». Les quelques revendeurs rencontrés ont souligné qu'ils ont pu se procurer cette marchandise auprès des « grossistes ». « Ce sont des produits importés de Chine mais nous, nous nous approvisionnons auprès des commerçants de gros », ont-ils précisé. Les contrebandiers s'orientent vers les frontières terrestres En ce sens, à chaque fête du Mawlid, les services des douanes sont mis à l'index. Les produits pyrotechniques sont généralement acheminés via les ports notamment celui d'Alger. Mais à la direction générale des Douanes, on affirme que ces produits sont acheminés via les frontières terrestres suite au renforcement du contrôle au niveau du port d'Alger. Pour preuve, les coups de filet éalisés par les douaniers dans la lutte contre la contrebande des pétards. Un total de 340.60 unités pyrotechniques (feux d'artifice) pour une valeur de 25.287.000 DA a été saisi durant le mois de juillet dernier par la brigade mobile de lutte contre la contrebande de Bir El Ater relevant de la direction régionale des Douanes de Tébessa, a-t-on appris, hier, des responsables de cette direction. En février dernier, les mêmes services ont intercepté un tracteur avec à son bord plus de 74.000 unités de ces produits, ce qui renseigne sur l'orientation des contrebandiers vers les frontières terrestres pour acheminer leurs marchandises. Face à cette situation, la direction générale des Douanes a renforcé le dispositif de contrôle et en intensifiant les patrouilles mobiles et pédestres notamment dans la bande frontalière de l'Est du pays et au niveau des ports. Qu'en est-il du marché informel ? Du côté de la police, les descentes menées ont conduit à la saisie d'importantes quantités de produits pyrotechniques. « Des dépôts de ces produits destinés à la vente illégale ont été localisés grâce à un travail de renseignement », affirme-t-on à la Direction générale de la sûreté nationale. Mais pour ce commerçant en habillement, les trottoirs sont squattés au vu et au su des agents de l'ordre qui n'interviennent pas. « Il faut que l'Etat sévisse et applique la loi », lance-t-il.