Bilal Sghir est sur tous les fronts de la création. Le chanteur campe le rôle d'un inspecteur de police dans « Leïla », film du réalisateur Hafid Mimoun, qui est à la dernière phase de tournage. Il sera soumis ensuite à la télévision algérienne. Dans cet entretien, l'artiste revient sur les différentes étapes de son parcours. Il se livre... Qui est Bilal Sghir ? C'est une personne ordinaire qui évolue dans le monde de la musique. Bilal Sghir est mon nom de scène, mon vrai nom est Mohamed Ben Rahmoun. J'ai 32 ans, je suis natif de la région d'Oran. Comment est née chez vous la passion de la musique ? Je fredonnais, depuis mon jeune âge, des chansons. Je n'ai jamais imaginé pourtant que j'allais faire carrière dans la chanson. On ne m'a découvert que dans les années 1998, 1999. Je chantais alors chaque jeudi aux côtés des élèves, au profit des personnes âgées dans des maisons de vieillesses, ou des malades atteints du cancer à Oran. Je me rappelle du claviériste El Ghazi. C'est lui qui m'avait conseillé d'entamer une carrière. C'était quasiment impossible car ma famille est conservatrice, notamment mon père dont j'appréhendais la réaction. J'ai, quand même, fini par réaliser mon projet. Je disais à mes parents que je révisais avec mes camarades. En réalité, j'écumais discrètement les scènes. Ecrivez-vous vos chansons ? J'aurai souhaité le faire mais j'estime que chacun doit exceller dans son domaine. L'apprentissage de l'écriture est un processus délicat. Vous considérez-vous comme un chanteur qui sait composer ? Ce n'est pas à écarter. Un jour, j'écrirai probablement un texte que je ressentirai profondément, car j'adore chanter des textes à charge émotionnelle. Je ne chante jamais de textes qui ne m'émeuvent pas. J'ai refusé à maintes reprises d'interpréter des milliers de textes que je qualifie d'insignifiants. Jouez-vous d'un instrument particulier ? Quel est votre préféré et pourquoi ? Le violon demeure mon meilleur instrument de musique car il procure une sensation agréable et plaisante. Qu'attendez-vous d'une chanson ? Lorsqu'on interprète une chanson de fête ou sentimentale, on se fait d'abord plaisir, mais on espère obtenir du succès. Pour charmer et captiver le public, il faudrait chanter des textes simples et profonds qui traitent du quotidien. Celui qui écoute pourra s'y identifier facilement. Toutefois, je suis navré du niveau atteint par le raï actuel, qui périclite. Dans quel genre musical vous inscrivez-vous ? Actuellement, nous avons un énorme manque dans le raï sentimental. Mes fans, mon entourage familial et amical, m'ont tous conseillé de poursuivre sur cette voie. Mon premier album, sorti en 2010, était consacré à la rythmique. Ce n'est qu'en chantant « Arwahi nathassbou », que j'ai découvert mon penchant pour le sentimental. Quelle est votre vision du business musical ? Le phénomène du piratage retarde tout projet musical ambitieux. L'Onda fait un travail énorme dans ce sens mais il demeure insuffisant et le phénomène subsiste toujours. A mon humble avis, il est impératif d'instaurer des lois rigoureuses pour mettre fin définitivement à cette pratique. Peut-on réaliser un bon album avec un faible budget ? Quand on veut faire un bon produit, on fait appel aux personnes qualifiées. Celles-ci exigent des cachets mirobolants, ce qui est légitime. Certaines de vos chansons comme « Safi binak wa bini », « Ça y est safiti ou derti li fi galbek » et « Safina wa kamalna », enregistrent un succès. Pourriez-vous revenir sur cela ? C'est une trilogie réussie. L'album « Arwahi nathassbou safi binak wa bini », m'a propulsé sur la scène nationale et arabe. Je suis devenu un artiste confirmé sollicité en Orient. Ce n'est pas le même parolier qui m'a écrit la suite de cet album. Il s'agit d'un autre qui n'avait jamais écrit auparavant. Il est venu vers moi et m'a proposé son texte. Même scénario pour la 3e chanson, vu que j'ai reçu un autre parolier qui m'a recommandé de clore la trilogie. Aujourd'hui, vous êtes connu. Ne vous sentez-vous pas agacé d'être souvent comparé à Cheb Bilal ? Pour moi, le plus grand malheur, c'est indubitablement la notoriété, même si je n'ai pas encore atteint la célébrité. Je suis en train de parfaire mon rendement et surtout apprendre pour devenir un artiste accompli. Vous êtes diplômé en langue étrangère (traduction allemande), vous avez des connaissances religieuses assez larges. Cela vous aide-t-il dans votre parcours professionnel ? Je ne comprends pas pourquoi certaines personnes n'admettent pas qu'on puisse être sur tous les fronts. Personnellement, j'assure mon devoir religieux, mon devoir professionnel et ma vie de famille. J'admets que ce n'est pas facile à concilier et à les gérer, même si on s'organise. Je pense qu'il faut être ambitieux. Parlez-nous de cette nouvelle expérience... Je ne suis pas comédien. C'est ma première expérience. L'histoire a commencé lorsque le réalisateur a visionné mon clip-vidéo « Andirlek khatrek », où j'ai exprimé mon désarroi face à la trahison de ma fiancée. L'expression de mon visage était tellement profonde que j'ai dû séduire le réalisateur. Il a insisté pour que je campe le premier rôle. C'était certes une expérience difficile, mais j'ai adoré. Où peut-on voir Bilal Sghir ? J'ai fait une pause d'une année et demie, car j'ai animé des galas dans plusieurs pays du monde. J'ai eu l'honneur de représenter l'Algérie aux côtés de Cheb Khaled à la cérémonie de clôture du festival de raï au Maroc. J'ai même annulé deux galas au Qatar et Dubaï pour les besoins du tournage. Le mot de la fin... Je remercie tout mes fans de croire en moi. J'espère être toujours à la hauteur de leurs espérances.