Le vieux ksar d'El-Hedjira (wilaya d'Ouargla) résiste difficilement, même si la plupart de ses éléments ont perdu leur originalité architecturale, dû aux aléas du temps et de la nature et aux agissements néfastes de l'homme, et demeure un site archéologique suscitant l'intérêt et la curiosité des archéologues et chercheurs en civilisations anciennes. Situé à une centaine de kilomètres au nord-ouest du chef-lieu de la wilaya, l'ancienne ville d'El-Hedjira, datant du début du XIIIe siècle, constitue l'une des anciennes concentrations d'habitants ayant peuplé cette vaste étendue des oasis d'Ouargla, dont la longue histoire se reflète à travers ses divers sites et vestiges, certains encore debout et beaucoup d'autres détériorés et ensevelis sous des tonnes de sable. Faisant partie des sites archéologiques proposés à la classification au titre de la liste patrimoniale supplémentaire de 2009, aux côtés de seize autres ksour se trouvant sur le territoire de la wilaya d'Ouargla, la ville antique d'El-Hedjira revêt une importance historique dans l'édification d'une civilisation ayant pu s'adapter aux rudes conditions naturelles de cette région, confinée au cœur d'immenses étendues sablonneuses, a expliqué le chef du bureau de la promotion du patrimoine à la Direction de la culture de la wilaya d'Ouargla, Abdelmadjid Guettar. Occupant une position stratégique dans ce vaste espace saharien, l'ancienne El-Hedjira, zone de transit de caravanes commerciales et de pèlerinage, servait de rempart de sécurisation des routes pour les passagers issus d'autres régions d'Oued Righ, Oued Mzab et Oued Souf, qui y convergeaient et empruntaient cet accès obligé dans leurs périples vers d'autres horizons. Le ksar a assumé un rôle tout aussi important durant la guerre de Libération nationale, exploitant son haut minaret (22 m), pour des actions d'observation et de surveillance, en plus de la vigilance de sa population, permettant de mener des opérations visant à repousser les incursions des forces coloniales. S'étendant sur une superficie de 22.500 m2, il est limité au nord par les palmeraies, au sud par la zaouïa Tidjania, à l'est et l'ouest par la RN-33, des locaux commerciaux et un marché hebdomadaire. Avec une conception architecturale épousant le milieu saharien et construit principalement en matériaux locaux, dont le gypse local, les troncs de palmiers et pierres, le ksar est composé d'habitations recouvertes de toitures en troncs de palmiers, permettant d'atténuer la rigueur du climat, aussi bien en hiver qu'en été. Des bâtisses actuellement à l'état de dégradation très avancé. Elles étaient entassées les unes aux autres, en plus de la mosquée et des voies d'accès (venelles) donnant sur une placette centrale, faisant office aussi de marché et entourée d'échoppes commerciales, avec un puits collectif au milieu et des maisons de la aâchira (fraction), exploitées par les colons français comme bureaux de l'administration. Sur son flanc nord-ouest se trouve la sépulture du saint patron Sid M'hamed Hedjira, petit fis de Cheikh Sidi Omar Labiadh, qui est, selon des versions historiques, le fondateur de la région d'El-Hedjira et de son ksar où il s'est ensuite installé, selon Guettar. Selon diverses versions, la fondation de l'antique El-Hedjira et son ksar est un legs de la tribu des Ouled Saïd Omar qui s'y adonnaient à des activités agricoles, notamment la phœniciculture et l'élevage, et de fréquentes transhumances, d'hiver et d'été, entre les régions d'El-Hedjira et Oued-Righ. Constituant un véritable trésor archéologique méritant davantage d'intérêt et de préservation pour le léguer aux générations futures, avec un souci de transmission et de témoignage de l'authenticité de l'Histoire de cette partie de l'immense sahara algérien, ce site archéologique n'a jusque-là, et en dépit de l'inquiétante dégradation de son corps, bénéficié d'aucune opération de restauration et de réhabilitation, dans l'attente de son classement, risquant ainsi d'accélérer sa disparition, sous l'effet des rudes aléas naturels.