De Paris où il écoule des jours paisibles depuis plusieurs décennies, l'un des grands maîtres et pratiquement le dernier mohican de l'âge d'or de la chanson chaâbi, Amar El Achab a eu droit, dimanche dernier au soir, à un vibrant hommage lors d'une soirée à la salle El Mougar. Organisée dans le cadre des hommages de l'Office national de la communication et de l'information (Onci) aux grandes figures de la chanson algérienne à l'occasion du Ramadhan, le récital a été animé par de célèbres noms de la scène musicale. Mourad Djaâfri, Sid-Ali Lekkam, deux « Guerouabistes » patentés, mais aussi et surtout l'un des disciples d'El Achab, à savoir cheikh Liamine Himoune, étaient tous là. Très prisé par le public et par les nostalgiques des années d'or du chaâbi qui se sont déplacés en nombre, en familles également, Mourad Djaâfri s'est fait un sacré plaisir en exécutant quelques textes du grand rossignol dont « Ya Rabbi sahelli zora » qu'il a chantée avec amour et rigueur. Connu pour avoir été l'un des apôtres de ce que certains appellent le « néo-chaâbi », l'auteur de « Ya li ghadba Alia » a fait montre d'une assiduité sans faille témoignant de sa grande maîtrise du sujet. « Je suis très honoré de prendre part à cet hommage à notre vénérable cheikh. Même si je suis profondément influencé par le style longtemps incarné par feu El Hachemi, je m'inspire toujours de la voie tracée par les grands chouyoukh. D'ailleurs, j'ai interprété quelques tubes d'El Achab », confie-t-il en marge de la soirée. Très attendu par les « achabistes », cheikh Liamine s'est fendu à son tour d'une série de chansonnettes que les mordus du chaâbi qualifient d'immortels à l'instar de l'indétrônable « N'esthel El Kia », « Ki lioum ki zman », « Ana li bghit »... toutes labellisées Amar El Achab. Avec une voix presque identique à celle de son mentor, et une sagesse dans l'exécution, l'enfant terrible du quartier ex-La Glacière, aura été à la hauteur de sa renommée artistique. Sid-Ali Lekkam, quant à lui, n'a pas dérogé à la règle qui fait de lui l'un des interprètes qui tiennent solidement et fièrement le flambeau laissé par les anciens. Il faut dire qu'après une carrière de plus de cinquante ans, El Achab signe son dernier enregistrement à la télévision algérienne en 1980. Il dispose de 33 enregistrements inscrits à la discothèque centrale de la Radio algérienne mais seulement quelques-uns à la Télévision. Toutefois sa discographie importante comporte plus d'une soixantaine de 45 T et de K-7. Rappelons que plusieurs hommages auxquels il avait assisté ont été rendus ces dernières années à l'auteur de « Nest'hel el kia ».