La décision du retrait progressif des policiers des enceintes footballistiques n'est plus de l'encre sur papier. Décidé en février 2013 lors du séminaire international sur la violence dans les stades, le retrait des agents de l'ordre deviendra effectif à partir du prochain exercice dont le démarrage officiel est prévu le 19 du mois prochain. L'annonce en a été faite par le directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, mardi dernier, à l'occasion de la journée d'information sur la gestion et l'organisation des rencontres de football. « Dès les matches de la première journée, vous allez sentir le retrait progressif des agents de police », a annoncé Hamel soulignant, au passage, l'engagement de ses services à accompagner les instances locales chargées de la gestion de la discipline en matière de formation des stadiers. Ces derniers sont appelés de prendre le relais pour assurer la sécurité à l'intérieur des enceintes sportives. Comme cela se fait d'ailleurs dans d'autres pays. L'Algérie est-elle prête pour assurer le bon déroulement des matches de football grâce au concours des stadiers ? La question fait désormais débat chez les présidents de club. Si la Fédération algérienne de football (FAF) et la Ligue de football professionnel (LFP) annoncent, par la voix de leurs responsables, leur détermination à mener à bien cette opération, les présidents de club, de leur côté, semblent quelque peu sceptiques. Ils laissent entendre qu'ils ne sont pas encore prêts pour cette nouvelle action de confier la sécurité des enceintes sportives aux stadiers. C'est le cas, d'ailleurs, du président de section du MC Alger, Omar Ghrib, qui dira à ce propos : « Pour assurer la réussite de cette opération, il faudra qu'elle s'inscrive dans la durée. Nous pensions qu'il faut procéder par étape. Les clubs ont besoin de temps pour former les stadiers. » Le patron de la JS Kabylie, Moh Cherif Hannachi, pense, quant à lui, que le problème se situe dans la qualité des stadiers engagés. « Il est nécessaire de définir un statut pour ce nouveau corps chargé de la sécurité dans les stades. Il faudra absolument que les stadiers soient recrutés par les clubs. Leur efficacité est peu garantie si les agents en question sont ramenés d'horizons divers, ne maîtrisant pas la réalité du terrain où ils seraient engagés », a expliqué Hannachi. D'autres responsables de club résument le problème dans son chapitre financier. En témoignent les propos tenus par le porte-parle de l'ASO Chlef, Abdelkrim Medouar. « Les clubs souffrent le martyre sur le plan financier. Les clubs de Ligue 1 subviennent difficilement à leurs besoins financiers. La situation l'est encore nettement plus délicate pour les pensionnaires de Ligue 2. La prise en charge des stadiers nécessite de l'argent », fait remarquer le parlementaire précisant, par ailleurs, que « jusqu'à quand la DGSN continuera à assumer des missions qui ne sont pas les siennes dans les stades ». Le président du CA Batna, Farid Nezzar, est allé jusqu'à inviter les autorités locales à la révision à la hausse des prix des billets du stade. « Les recettes des stades sont très limitées. Le prix pratiqué est dérisoire rendant difficile la mission des clubs pour la collecte des fonds. Pour la réussite de la nouvelle politique tracée par la DGSN à laquelle nous adhérons tous, il faudra des ressources financières supplémentaires. La révision à la hausse des prix des tickets s'impose à plus d'un titre. » Le vice-président de l'Olympique de Médéa a soulevé le problème autrement. « Quel rôle peut-on confier aux stadiers si les fauteurs de troubles agissent loin de toute forme d'impunité ? Il faudra actionner le fichier national des supporters interdits d'accès aux stades. » Autant de préoccupations et de suggestions qui mettent en relief le scepticisme des responsables des clubs professionnels, désormais dos au mur. Leurs réactions nécessitent davantage de réflexion et de concertation en vue de cerner le dossier dans tous ses aspects. Plus de prérogatives aux comités de supporters C'est dans la logique des choses qu'il fallait écouter les représentants du mouvement associatif, partie prenante dans l'opération de sécurité dans les stades. Il joue un rôle prépondérant dans la sensibilisation des supporters. Le président de la célèbre association Ouled El-Houma, Abderrahmane Bergui, met l'accent, en effet, sur la mission des comités de supporters auxquels, dit-il, il faudra accorder davantage de prérogatives pour canaliser les foules dans les stades. « Nous nous contentons d'un seul comité de supporters par club pour sensibiliser les supporters. Ailleurs, l'on compte, parfois, une bonne douzaine par club. D'où toute leur efficacité sur le terrain. Le comité de supporters peut servir de solution notable pour peu qu'on s'y intéresse davantage », estime l'ancien arbitre international dénonçant l'état de « désordre total dans les stades en raison des défaillances recensées à tous les niveaux ». La DGSN ne compte pas faire machine arrière Le DGSN est catégorique à ce propos, déclarant que « les clubs avaient un laps de temps suffisant pour s'y conformer. La Sûreté nationale avait annoncé le retrait par étape de ses policiers des stades en 2013 ». C'est dire toute la détermination de la direction nationale de la Sûreté nationale d'aller au bout de sa nouvelle politique du retrait de ses agents de la sécurité à l'intérieur des stades. La DGSN se contentera d'assurer la sécurité à l'extérieur des stades. Est-ce faisable dans un pays où la quasi-totalité de ses infrastructures sportives accusent d'importantes carences à même de rendre extrêmement laborieuse la mission des futurs « agents de sécurité » des stades.