Le président tchadien, Idriss Déby Itno, qui a prêté serment, lundi dernier, pour un nouveau quinquennat, a reconduit Pahimi Padacké Albert au poste de Premier ministre tchadien, selon un décret présidentiel lu, le soir même, sur la radiotélévision publique. Pahimi Padacké Albert avait présenté la démission de son gouvernement, comme le recommande la Constitution du Tchad. Le chef de l'Etat tchadien a donc décidé de reconduire un de ses alliés politiques, en poste depuis février 2016. « Je suis le président de tous les Tchadiens », a déclaré Deby, 64 ans, au pouvoir depuis 1990, dans son discours d'investiture. Il a promis « une lutte implacable contre le terrorisme partout où il menace nos intérêts et notre sécurité », après avoir été officiellement proclamé vainqueur de l'élection du 10 avril dernier dès le 1er tour, avec 59,92% des voix. Parallèlement à cette cérémonie, à laquelle ont assisté 14 chefs d'Etats africains et le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, l'opposition a maintenu, lundi dernier, l'opération « ville morte » pour protester contre la réélection de Deby qu'elle qualifie de « hold-up électoral ». Dimanche dernier, un jeune Tchadien a été tué par balle alors qu'il manifestait à N'Djamena à l'appel de l'opposition, un rassemblement interdit pour des raisons de sécurité. Quatre personnes auraient aussi été blessées. L'opposition tente de faire feu de tout bois malgré la poigne de fer de Deby. Vingt-neuf partis politiques se sont regroupés, fin juillet dernier, autour de six candidats défaits à la présidentielle, pour former le Front de l'opposition nouvelle pour l'alternance et le changement (Fonac). Trois d'entre eux ont déjà fait défection. Vendredi dernier, des opposants avaient annoncé le dépôt devant la Haute cour de justice d'une plainte pour « haute trahison » contre le président tchadien. Parmi les sept griefs invoqués : « prise illégale du pouvoir par la violence », « violation grave des droits de l'Homme » ou encore « détournement de fonds publics et corruption ». Arrestations et disparitions d'opposants restent fréquentes dans ce pays de 12 millions d'habitants, comme celle en février 2008 de l'ancien chef de l'opposition, Ibni Oumar Mahamat Saleh, donné pour mort et dont le corps n'a jamais été retrouvé. L'actuel chef de file de l'opposition, Saleh Kebzabo, officiellement second du scrutin d'avril avec 12,77% des voix, s'est déclaré, lundi dernier, « déçu » par la présence du ministre français de la Défense à la cérémonie d'investiture de Deby.