A moins de deux semaines depuis sa nomination à la tête du gouvernement tunisien, Youssef Chahed a reconnu que la lutte contre la corruption est devenue « plus difficile » que la lutte antiterroriste. « La guerre contre la corruption et la guerre contre le terrorisme (...) sont les deux visages d'un même fléau », a-t-il déclaré lors de la cinquième conférence ministérielle du Réseau arabe pour l'intégrité et contre la corruption. « La guerre contre la corruption est devenue, dans certains cas, plus difficile que la guerre contre le terrorisme. Parce que dans la guerre contre le terrorisme, l'ennemi est souvent face à nous, nous le voyons, nous le surveillons, alors que dans la guerre contre la corruption, l'ennemi se cache à l'intérieur de nos sociétés », a-t-il ajouté, en appelant les citoyens à s'enrôler dans ces deux luttes. Le nouveau gouvernement a fait de la lutte contre la corruption sa priorité. Il s'est résolument engagé à mobiliser tous les moyens pour y faire face. Cette dernière a en effet atteint un stade « épidémique en Tunisie », a dénoncé, pour sa part, Chawki Tabib, le président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption (INLC). Chahed a annoncé la suppression du ministère jusque-là dédié à cette lutte afin de concentrer tous les moyens de l'Etat en faveur de l'INLC. Sur le plan sécuritaire, Paris craint les conséquences de la défaite ou du moins le recul des terroristes sur la sécurité des pays voisins, notamment la Libye et l'Egypte. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a mis en garde, lundi, contre un risque « d'éparpillement » des terroristes du groupe Daech vers la Tunisie ou l'Egypte, une fois qu'ils seront chassés de leurs « places fortes » en Libye. « Il nous faut commencer à appréhender sérieusement la question de l'éparpillement des terroristes, une fois Syrte, peut-être demain Benghazi, reprises aux terroristes », a-t-il souligné, lors d'une « université d'été de la Défense », estimant qu'indirectement, cela va présenter de nouveaux risques et pour la Tunisie et pour l'Egypte. Il a déploré que les pays voisins de la Libye, y compris la France et l'Italie, ne se concertent pas face à cette menace. Son homologue tunisien, Farhat Horchani, a, de son côté, plaidé pour plus de coordination régionale dans la lutte contre le terrorisme. « Nous avons un nombre important de combattants étrangers qui reviennent soit de Syrte, soit de Syrie. Je constate qu'il n'y a aucune stratégie, il n'y a pas de coopération entre les Etats », a-t-il souligné.