Deux jours pour dédier une pensée hommage à l'enfant terrible de Ath Yenni. Celui qui a su devenir et demeurer le plus populaire des citoyens de cette région lovée dans les monts du Djurdjura. La chanson étant son fort sans jamais avoir signé un seul album. Pourtant, le tout Ath Yenni, à commencer par son village natal Ath Lahcene ne jure que par sa voix inégalée qui sait transcender tous les genres pour être de la fête partout. Ce week-end a été marqué d'une pierre blanche dans la contrée de Ath Yenni et en France. Tahia a été honoré doublement à titre posthume, car, il n'est jamais trop tard pour bien faire. Et même que Tahia rêvait debout de cette aura qu'il a prédit un jour qu'elle soit. Et c'est à l'initiative de l'association «A Vava inou va» de Ath Yenni qui a ses ramifications en France, à qui revient cette initiative d'honorer le parcours de cet artiste qui a toujours su allier la chanson à l'humour. Un bon vivant qui nous a quitté en 2009. Trop tôt. Il aurait eu aujourd'hui 49 ans seulement. Ses fans nombreux et fidèles se sont retrouvés au cercle culturel Mouloud Mammeri pour lui offrir cette gerbe de pensées à travers un programme fait d'expositions, d'interventions et de musique animés par les enfants de Ath Yenni. Les chanteurs locaux se sont succédé sur la scène pour chanter celui qui est entré dans ce monde par la grande porte, même s'il est resté très modeste. Lui l'autodidacte en tout a toujours parlé un français châtié. Une langue avec laquelle il sait faire de l'esprit comme dans sa langue natale. Avec laquelle il sait jouer, qu'il la parle ou qu'il la chante. Dans sa région et dans tous les villages environnants, son nom tonne à la mesure de ses vocalises qu'il entraîne au chaabi surtout. Lui qui reprend avec hardiesse et talent les incontournables classiques dont tout chanteur de la chanson populaire algéroise ne peut se départir. Et lorsqu'il accompagne ses tours de chants célèbres de son jeu au mandole qu'il manie naturellement avec une immense maîtrise, il est comme ce magicien qui subjugue sans jamais lasser. Tahia, de son vrai nom Dehlal Yahia, s'est révélé au public dans les années 1980, au moment où de nombreux groupes de musique étaient à leur apogée. Son cercle de fréquentation demeure le groupe fétiche des Amirèche, connu sous le nom du groupe Afous. Mais il n'y a pas que ça. Tahia a aussi été de ces rencontres dans les zaouias. Comme de celle Hadj Belkacem, là où est enterré un autre enfant de la chanson moderne kabyle, Brahim Izri. C'est là qu'il apprend à réciter les cantiques à la gloire de Dieu et de son prophète Mohamed (QLSSSL). D'où ce titre qu'on lui connaît «Allah Allah Alawliya»… qu'une vidéo amateur donne l'occasion d'apprécier de l'artiste sur Internet. Et Tahia n'est pas resté qu'en Kabylie ou à Ath Yenni. Sollicité lors de fêtes, il a été chanté à l'une d'elle, à Ammi Moussa dans Relizane où il y a une forte communauté kabyle. Il a subjugué l'auditoire en interprétant des chansons de la région de l'ouest, marocaine et chaâbi. D'où d'ailleurs, une deuxième soirée à la demande des villageois. Et hier, c'était au tour de la communauté émigrée d'apprécier sous le parrainage du grand Idir, enfant lui aussi de Ath Yenni, l'hommage qu'organise pour lui l'association «A vava inou va» avec Berbère télévision qui a mis les bouchées doubles pour la réussite de ce concert événement. Sur le plateau de Kamel Tharwihth, les chanteurs Idir Athmani, Dina Yani, et Meziane, le représentant de l'association ont mis du cœur à l'ouvrage en évoquant le souvenir de Tahia toujours vivant. Témoignages auxquels se sont joints ceux du public présent dont Rabah Tabèche, l'ancien maire de Ath Yenni. Plusieurs artistes de renom prennent part à ce gala dont Akli D. A noter que l'association a sollicité la participation de berbère Télévision et lancé un appel aux éditeurs et aux producteurs afin de prendre en charge le projet de l'album de Tahia où sont compilée six de ses chansons.