Confronté à un mouvement de contestation depuis le 15 mars dernier, Bachar al-Assad, qui a envoyé l'armée à Tall Kalakh, Homs, Banias et Deraa, foyers de la révolte (1.062 morts selon des organisations de défense des droits de l'Homme), s'apprête à ouvrir un dialogue politique avec des «personnalités indépendantes qui ne représentent aucun parti ni groupe». Objectif de ce dialogue dont la préparation est confiée au vice-président, Farouk al-Charaa : chercher les voies à emprunter pour sortir la Syrie de sa crise actuelle et examiner les éventuels amendements à apporter à la Constitution ou de nouvelles lois sur les partis, les médias et les élections générales. Cette «main tendue» après la levée de l'état d'urgence, en vigueur depuis 1963, le renvoi du gouvernement, l'annonce des réformes économiques et politiques et l'amnistie générale incluant les Frères musulmans, décrétée hier, suffira-t-elle pour calmer le mécontentement populaire qui semble prendre de l'ampleur ? «Oui», répond Mohammad Saïd Bkheitane, secrétaire général adjoint du parti Baas, à la lecture de la composante de ce dialogue dont les mécanismes seront annoncés demain. Même si, précise-t-il dans une rencontre à l'université de Damas, à l'endroit des «opposants» que l'abrogation de la clause 8 de la Constitution qui stipule que «le parti Baas est le dirigeant de l'Etat et de la société» est exclue ! «Nous avons dit aux opposants qu'ils pourraient abolir cette clause s'ils arrivent au pouvoir et si nous passons dans l'opposition», dit-il estimant le nombre des manifestants à 100.000 personnes. «Il faut que nous y mettons un terme rapidement car des pressions énormes sont exercées sur nous», dit-il sans préciser la nature et l'origine de ces pressions. Parallèlement à ce dialogue annoncé, quelque 300 à 400 opposants prévoient de se réunir, aujourd'hui, et pendant trois jours à Antalya, en Turquie pour «accompagner» les réformateurs dans leur combat contre le Baas et réclamer «le changement» en Syrie. Selon Ammar Qourabi, le président de l'Organisation nationale des droits de l'Homme, basée en Egypte, «un mécanisme de suivi» sera mis en place pour évaluer et venir en aide des besoins logistiques et juridiques de l'opposition.