Jalouse de ses parts de marché en Algérie qui se sont amenuisées ces dernières années, la France revient sur la scène économique algérienne autrement dit, mieux armée de bonne volonté et de disponibilité en matière d'écoute. Semaine très riche en faits que celle écoulée, que l'on peut commencer, à vrai dire, avant terme, puisqu'à notre sens elle a débuté avec la tripartite qui a, pour la première fois depuis 2009, associé à une même table les trois partenaires naturels que sont le Gouvernement, la Centrale syndicale (UGTA) et le Patronat. Riche pour avoir été le théâtre de cette rencontre et de ce qui en a découlé, riche aussi pour avoir connu un événement économique attendu, fédéré par les autorités des deux pays, à savoir la rencontre d'affaires entre opérateurs économiques algériens et français, et riche, enfin, pour avoir connu le lancement de la 44e édition de la Foire internationale d'Alger qui accueille 28 nations et plus de 2.000 entreprises locales et étrangères. Conjugués, tous ces faits et leurs envergures respectives ont le mérite de révéler les signes, autrement plus significatifs, d'une dynamique économique qui tend à rétablir les équilibres entre les enjeux de développement endogènes de l'Algérie et ceux relatifs au besoin d'ouverture au partenariat. Ce recours au dialogue tripartite avait ceci de particulier qu'il faisait jouer à l'UGTA un rôle qui, certes, peut lui revenir de droit, mais un rôle tout de même que la Centrale n'a pas l'habitude de jouer. Et pourtant, ce fut fait, Sidi Saïd s'est assis à la même table que le patronat pour se pencher sur les voies et moyens, non pas d'augmenter les salaires des travailleurs c'est en cours ou déjà fait , mais plutôt pour aborder les questions économiques, notamment celles regardant l'environnement dans lequel évolue l'entreprise algérienne, et celles aussi regardant la manière de façonner un meilleur présent et un avenir pour l'entreprise. «Soutenir le développement de l'entreprise et promouvoir un climat propice à l'investissement et à l'activité économique.» Voilà la phrase clé de cette rencontre qui a débouché sur des engagements de parts et d'autres, et surtout de la part du Gouvernement qui devra œuvrer de deux manières à la concrétisation de l'objectif ainsi fixé, en l'occurrence en ouvrant un «chantier commun» qui examine les conditions d'amélioration du climat de l'investissement et de la performance entrepreneuriale selon des paramètres prédéfinis par la Banque mondiale, et en débloquant des centaines de milliards de dinars en vue de soutenir l'entreprise algérienne publique et privée. Cette rencontre aura eu également le mérite de favoriser un débat autour des lois controversées promulguées en 2009, perçue, alors, comme contraignantes et peu favorables à l'investissement. A ce titre, les discussions ont permis de mettre en lumière, a contrario, les bénéfices de telles mesures, notamment en matière de promotion des chances de l'entreprise algérienne par rapport à ses partenaires étrangères, en matière de promotion de la transparence fiscale et des capitaux, et bien d'autres apports encore. Quoi qu'il en soit, la proposition de mettre en chantier ces questions en se soutenant d'un référent tel que la Banque mondiale, devrait lever toutes les divergences sur ces questions et rasséréner les opérateurs économiques. LA FRANCE ET SON SENS DES AFFAIRES Jalouse de ses parts de marché en Algérie qui se sont amenuisées ces dernières années, la France revient sur la scène économique algérienne autrement mieux armée de bonne volonté et de disponibilité en matière d'écoute, s'agissant des intérêts bien compris de l'Algérie. A bien considérer les propos de M. Raffarin, tenus à l'ouverture du Forum d'affaires Algérie-France, ce ne sont pas seulement les dispositions législatives et légales qui ne sont plus un frein pour l'investissement français direct en Algérie, c'est de surcroît la politique sociale des deux pays qui est perçue comme commune. Pourquoi pas ? Après tout, la France souffre d'être le pays où les acquis sociaux sont les plus contraignants pour les opérateurs économiques et cela est d'autant vrai que ce n'est pas sans induire un coût en matière de compétitivité internationale de l'économie française. Mais, comme dirait un Algérien adepte de cette approche : pourquoi œuvre-t-on à l'essor économique, sinon pour travailler à la prospérité des populations ? Une économie efficace et compétitive qui appauvrit et exclut, c'est juste bon pour les firmes transnationales, dont les lieux d'enracinement ne sont plus évidents. D'où l'importance de l'emploi, cet enjeu désormais commun à l'Algérie et à la France. Côté algérien, on se félicite des résultats concrets et des perspectives en termes de partenariats et d'investissement. Pas moins de cinq projets d'investissements ont été concrétisé, dix projets porteurs ont été identifiés, alors que pas moins de 4.000 rencontres d'affaires, au demeurant programmées, qui ont eu lieu entre les 500 entreprises algériennes et leurs homologues françaises au nombre de 150, ont permis d'ouvrir de larges perspectives en matière de partenariat, de transfert de savoir-faire et de technologie. Voilà, outre l'emploi, la productivité et la création de valeur, l'autre enjeu algérien, objet de tous les vœux : la maîtrise industrielle qui est primordiale dans la stratégie rénovée des pouvoirs publics. LA FIA OU LA PRESENCE SYMBOLIQUE Beaucoup pariaient sur l'essoufflement de la Foire internationale d'Alger (FIA). Evénement généraliste qui en est aujourd'hui à sa 44e édition, la FIA ne semblait exister que parce qu'il n'y avait pas encore de Salons spécialisés en Algérie, qui abritent des manifestations commerciales sectorielles ou thématiques pour les professionnels. Aujourd'hui qu'il existe un salon pour chaque secteur et même au-delà, la FIA continue d'être l'événement commercial le plus important en Algérie. La semaine dernière s'ouvrait la 44e édition, dans la solennité officielle, inaugurée par le Président de la République en personne, qui a fait le déplacement et visité le pavillon de la Turquie, pays invité d'honneur de cette édition et partenaire de l'Algérie dont le volume des échanges et des investissements évolue chaque année. Voilà en quoi la FIA semble d'une éloquence utile. D'une part, elle permet aux nations qui s'intéressent au marché algérien de fédérer leurs entreprises dans le cadre d'une approche cohérente et responsable, et d'autre part, elle permet à l'Algérie et aux opérateurs algériens, d'identifier, parmi ces nations, leurs partenaires d'investissement ou d'affaires. Enfin, il ne faut pas perdre de vue que la FIA aura beau être un événement économique internationale, elle n'en est pas moins pour le grand public l'occasion de découvrir, dans un microcosme très représentatif, des produits et des services des cinq continents.