Lucette Hadj Ali est une des rares combattantes algériennes qui a eu la chance de traverser toute notre guerre de libération sans avoir jamais été arrêtée. Et comme dirait l'ancien condamné à mort FLN de la guerre d'Algérie, Abdelkader Guerroudj, «Elle fait partie comme moi, et aussi comme son oncle, le docteur Camille Larribere, du premier noyau des «Combattants de la libération (CDL) créé par le parti communiste algérien (PCA) au milieu de l'année 1955 et intégrés au FLN en juillet 1956 ». Il témoigne aussi : «Ce qui frappe aussi dans le témoignage de Lucette Hadj Ali, c'est le courage, la franchise, la sincérité, la simplicité avec lesquelles elle parle, par exemple, des premières lignes de sa prise de conscience tardive du fait colonial, ensuite des erreurs du Parti communiste algérien, ou même de choses plus intimes comme la soumission de sa mère ou la sévérité de son père, le docteur Jean Marie Larribere». C'est toute l'histoire de l'Algérie qui intéresse Lucette Hadj Ali. Son ouvrage de près de cent- trente pages se remarque par la qualité du papier. Autre détail important à relever, une foule de précieuses informations sur les personnages cités. Ces annotations apportent et confirment le caractère des analyses de cette militante dans l'élaboration de son travail. Lucette Hadj Ali en possède la méthode et le cheminement logique. Il convient de dire que ce livre est considéré comme étant une inestimable source d'informations pour tous les Algériens afin qu'ils soient fiers de leur histoire, longtemps ignorée, occultée ou complètement déformée par le colonialisme. Lucette Larribere Hadj Ali est l'une des figures intellectuelles qui a beaucoup insisté dans son ouvrage sur l'action militante des femmes d'Algérie comme Alice Sportisse, députée communiste d'Oran, Lise Oculi, Abbassia Fodhil, Baya Allaouchiche ou Gaby Gimenez et tant d'autres, avant, pendant ou après la Révolution, en particulier dans le combat toujours actuel des femmes algériennes pour l'égalité. Son implication dans les mouvements majeurs de plusieurs années, a fondé son identité d'historienne engagée, l'amenant à écrire cet ouvrage tout bonnement exquis. Elle constitue, aujourd'hui, une mémoire vivante. Elle constitue un pont entre générations militantes. Lucette Larribere Hadj Ali, sensible, nous glorifie des valeurs humaines importantes. Elle expose la nature humaine avec ses vertus et ses défauts. Elle exprime et laisse transparaître ses états d'âme actuels, sa révolte face à un monde en perdition et ses illusions perdues. Devant ce passé pourtant présent, elle témoigne d'une manière poignante de l'indicible du drame vécu par des milliers d'Algériens à cette époque de notre histoire. Le livre s'appuie sur des textes et documents inédits, il offre une lecture originale d'un pan de notre histoire. Poignant, magnifique. L'atmosphère, les lieux, la psychologie des individus sont décrits avec une acuité si grande, que l'on se fond dans le récit. Ce roman ne se lit pas, il se vit. Ce livre mérite d'être lu pour son aspect documentaire en raison des annexes, des pièces et actes qui s'y trouvent.