Les familles, collègues et amis des 17 marins algériens pris en otage au large des côtes somaliennes, depuis plus de 6 mois ont organisé, hier, un sit-in devant l'ambassade de Jordanie à Alger pour protester contre le «silence assourdissant» entourant la situation des otages. Ils ont été rejoints par les marins du bateau Ain Témouchent qui ont obligé leur capitaine à faire une escale au port d'Alger. Les représentants des familles des marins ont été reçus par l'ambassadeur jordanien qui a assuré de son soutien. Toutefois, il leur a avoué aussi que qu'il n'existe nulle trace en Jordanie de la compagnie jordanienne CTI qui a affrété le navire MV Blida à IBC (Built Carrier International), une filiale de la CNAN et qui est donc responsable du navire, selon l'article 730 du code maritime. Devant cet état de fait, les familles des marins ont décidé d'observer demain jeudi un sit-in demain devant la présidence. «Nous avons frappé à toutes les portes, la CNAN, IBC et le ministère des Affaires étrangères sans avoir eu un écho rassurant de la part des responsable rencontrés. Ils nous donnent toujours la même réponse», se plaint Achour, porte-parole des familles des marins. Au-delà de ces préoccupations, il y a aussi ces drames personnels. «Les enfants de ces otages sont totalement perturbés dans leur scolarité. Pour eux, le sort de leurs pères est une torture morale», estime le porte-parole qui, pour lui, doit briser le silence pour faire bouger les choses en faveur des marins en otage. Mme Aït Ramdane, elle, déplore la réaction de la société IBC qui, après avoir promis de continuer à assurer l'intégralité du salaire de son mari, n'en lui en délivre que 50%. «J'ai refusé d'empocher ce salaire. C'est honteux de la part des responsables de cette société», estime la dame. Par contre, Mme Mendir Abderrahmane, la femme d'un autre marin en otage, n'a le choix que d'accepter les 60% du salaire de son mari. «Je n'ai personne pour m'aider», précise-t-elle. En guise de solidarité avec leurs collègues marins pris en otage, les marins du bateau Ain Temouchent ont fait une escale forcée à Alger. Le bateau en question, affrété par une compagnie grecque, a repris le large avec un équipage ukrainien, après que le patron Grecque eut envoyé un télex à IBC leur signifiant qu'il n'accepte plus les marins algériens à bord du bateau affrété. «C'est par solidarité avec nos frères en otage qu'on est là aujourd'hui, pour protester contre cette situation, car nous connaissons bien cette partie de la Somalie où sont capturés nos collègues. C'est pratiquement l'enfer. A cette période, il fait 50°», explique un des marins.