Photo : Slimen S.A. Clôturée le 7 juillet, l'année universitaire 2010-2011 aura connu les plus longs débrayages observés au niveau de l'institution de la formation supérieure. Trois mois de grève, observée dans la quasi-totalité des instituts et établissements universitaires ont été fort préjudiciables, non seulement pour les étudiants, mais également pour leurs enseignants. Certes, les concertations initiées par les responsables du secteur avec les représentants de la communauté estudiantine, ont d'une manière ou d'une autre, exclu le spectre de l'année blanche, mais n'ont nullement aidé les étudiants à établir un planning pour rattraper les cours ratés. Consciente de ce préjudice, entravant l'avancement dans le programme, la CNAE (Cordination nationale autonome des étudiants) estime qu'il était judicieux de se concerter pour établir un planning, permettant à chaque faculté ou institut, chacun selon sa particularité, de faire l'état des lieux, en termes de pédagogie à même de combler ce retard. «Aucune initiative n'a été prise en ce sens. Les programmes n'étant achevés qu'à hauteur de 30% et 40%, les étudiants du département Langues à l'université de Bouzaréah ont proposé à la direction de notre institution de reporter les examens de synthèse au mois de septembre. Laquelle a été contrainte de répondre favorablement, à notre proposition, étant donné les retards considérables», nous confie Farid, étudiant en littérature française et membre de la CNAE. C'est aussi l'option de bon nombre d'instituts, préférant entamer les synthèses à la prochaine rentrée universitaire. Rares sont les facultés ayant respecté le calendrier des examens initialement établi par le rectorat ou direction de chaque établissement universitaire. Le département d'histoire et géographie (université de Bouzaréah) a fait l'exception. Les étudiants inscrits dans cette filière ont préféré passer leurs synthèses comme à l'accoutumée alors que le programme n'est même achevé. Contraints par leur administration à achever leur année scolaire dans les délais fixés initialement, les étudiants de l'école d'architecture ont passé, en dépit de tous les préjudices subis suite aux trois mois de débrayage, leurs examens dans la précipitation. Pour certains, les résultats ne seront qu'à l'image de la préparation à la hâte, étant donné la programmation des épreuves un mois seulement après la reprise des cours. Les étudiants saluent, d'ailleurs, la compréhension et l'aide dont ont fait preuve les enseignants de cette école. «Les sujets des examens (modules ou en ateliers) ont porté sur 70% des cours magistraux du deuxième semestre. C'est un avantage profitant à tous les étudiants», souligne-t-on. Compte tenu des retards cumulés, les enseignants ont remis à leurs étudiants des polycopies résumant tous les cours ratés, alors que la soutenance des thèses de magister commencera dimanche prochain. PHARMACIE : DURS, DURS LES RATTRAPAGES Au département pharmacie, les étudiants n'ont pas encore l'esprit aux vacances. «Nous trouvons d'énormes difficultés à rattraper les retards en raison de la chaleur et la surcharge des programmes», confie un étudiant en pharmacie, membre de la CNEP (Coordination nationale des étudiants en pharmacie). Les cours se poursuivent, en prévision des premières EMD (Epreuves de moyenne durée) devant avoir lieu du 20 au 28 juillet, alors que les deuxième EMD, sont programmées entre le 6 et le 14 septembre prochain. Pour les enseignants, il est prématuré de faire une évaluation de cette année universitaire. Les départements ne disposent d'aucune donnée réelle pour faire l'état des lieux suite aux débrayages ayant secoué l'université, trois mois durant. «Quelles que soient les conséquences de ce débrayage, il faut reconnaître que cette contestation a remis en question bon nombre de mesures prises dans le cadre de la réforme de l'enseignement universitaire», souligne M. Rahmani, coordonnateur du CNES (Conseil national des enseignants du supérieur). Selon lui, il y a des manques et de réels problèmes à l'université algérienne, notamment dans le mode de gestion. «La défense de l'université est un droit qui revient à tous les acteurs intervenant dans cette institution», explique-t-il, estimant qu'il impératif de régler le problème de la représentativité de l'ensemble de la communauté estudiantine dont les effectifs se sont élevés à 1,3 million d'étudiants. Pour régler définitivement les problèmes d'ordre pédagogique ou autres, opposant les étudiants à leur direction, le coordonnateur du CNES, plaide pour une concertation au niveau des responsables tant il y a des droits à exercer et des devoirs à assurer.