Photo : Slimene S.A. Les émeutiers du quartier Diar Echems dans la commune d'El Madania se sont calmés. Seuls témoins des affrontements de la veille entre policiers et les habitants, les débris de verres, les cailloux, les troncs d'arbres et autres pneus brûlés qui jonchent la route de Bir Mourad Raïs en contrebas de la cité. Hier, la tension a baissé d'un cran. La raison ? Un comité de sage représentant les habitants est en pourparlers avec le wali délégué de la circonscription administrative de Sidi M'hamed pour trouver une solution au problème de logement que vivent les habitants de ce quartier érigé dans les années 50 par la France. Selon les témoignages recueillis auprès des habitants, un compromis aurait été trouvé pour baisser la tension en premier lieu pour traiter ensuite « rationnellement » ce conflit lors de la rencontre d'avant-hier entre le comité des sages et le wali délégué. Plus de 400 logements ont été proposés par le wali délégué pour reloger les familles les plus touchées. Mais après concertation entre le comité des sages et les habitants du quartier, ces derniers ont refusé catégoriquement la proposition en exigeant un quota pour la totalité des habitants. «Nous attendons la rencontre de ce soir (hier) avec le wali délégué». Quand il s'agit d'évoquer la dernière distribution des logements, les visages deviennent graves. Et le président de l'APC est montré du doigt. Ils l'accusent même de mentir. Ainsi, un jeune nous invite à visiter la maison de Lakhdar Zekraoui, un ancien moudjahid dont le président de l'APC nous a affirmé avant-hier qu'il lui a attribué un logement. Le moudjahid, qui a tant attendu ce logement, est récemment décédé laissant derrière lui deux filles divorcées avec leurs enfants, un fils célibataire de 51 ans. En tout, douze personnes vivent dans un périmètre de 25 m2. « Pourquoi nous a-t-il privés de notre logement de Draria ? », s'interroge la fille du moudjahid. « Nous sommes devenus malades et dépressifs par cette situation dans laquelle nous vivons depuis des années », explique cette femme. Son voisin, Belkacemi M'ssâad, un ancien chef d'équipe qui a consacré plus de trente ans de sa vie au service nettoyage de l'APC d'El-Madania, souffre lui aussi de l'exiguïté de son logement.