A un mois du délai donné par les Etats-Unis à l'Iran pour faire la lumière sur la nature véritable de son programme nucléaire controversé, le dialogue entre Téhéran et Vienne, siège de l'Agence internationale de l'énergie, est dans une impasse dangereuse. Vingt-cinq des 35 gouverneurs de l'AIEA ont adopté vendredi à Vienne une résolution, la première depuis février 2006. Ce texte destiné au Conseil de sécurité a été rejeté par trois pays (Cuba, Venezuela et Malaisie). enjoint l'Iran qui a repris avec elle le dialogue, le 1er octobre dernier, après 15 mois de suspension, de « suspendre immédiatement » la construction de son nouveau site d'enrichissement situé dans une montagne à Fordo, près de la ville sainte de Qom. Il lui demande aussi de fournir des informations sur les objectifs du site et son calendrier de réalisation et de « confirmer » qu'il « n'a pas pris de décision quant à la construction ou l'autorisation de construction de quelque installation nucléaire que ce soit, qui n'ait pas été signalée à l'AIEA ». Les 35 du moins les « cinq plus un » (les 5 membres permanents du Conseil de sécurité plus l'Allemagne) semblent redouter un remake des assurances données par l'Iran à l'AIEA en septembre 2008 : l'omission de la construction depuis la mi-2007 du site de Fordo. Le Conseil de sécurité qui a adopté déjà trois résolutions contre l'Iran pourrait décider de nouvelles sanctions après « ce coup de semonce » de l'AIEA qui trahit un « épuisement de la patience » internationale. Si la Chine et la Russie, jusque là réticentes dès qu'il s'agissait de condamner l'Iran, ont voté le texte qui met l'Iran au pied du mur, M. ElBaradei, le directeur général de l'AIEA, qui a «supporté» l'Iran, semble perdre patience à quelques semaines de son départ à la tête de l'Agence. « Nous resterons dans une impasse tant que l'Iran qui s'était engagé à éclaircir ses activités nucléaires, il y'a plus d'un an, n'aurait pas commencé à coopérer sans réserve avec nous », dit-il. L'IRAN HAUSSE LE TON « Ni ces résolutions (...) ni ces sanctions et les menaces d'attaque contre les installations nucléaires ne feront cesser les activités pacifiques de l'Iran, en particulier l'enrichissement », déclare Ali Asghar Soltanieh, son représentant à Vienne, brandissant la menace d'une coopération « limitée » avec l'Agence onusienne aux principes du Traité de non-prolifération. Qualifiant la résolution de « remise en cause d'un processus constructif », il a annoncé hier que Téhéran envisageait « d'autres options » que le compromis proposé par l'AIEA le 21 octobre dernier sur l'enrichissement de l'uranium nécessaire à son réacteur de recherche. Selon l'offre, l'uranium iranien serait envoyé en Russie puis en France avant de revenir sous forme de combustible à Téhéran. Parmi ces options : produire le combustible nucléaire nécessaire au fonctionnement de son réacteur si la communauté internationale ne lui en procure pas. « C'est votre obligation, légale, de fournir du combustible pour le réacteur de Téhéran », rappelle aux Occidentaux Ahmad Khatami, un chef religieux. « Nous ne jugeons pas nécessaire de remplir pleinement nos engagements vis-à-vis de l'Agence si les droits élémentaires de l'Iran en tant que membre du Traité de non-prolifération ne sont pas respectés », explique le porte-parole du ministère, Ramin Mehmanparast. Selon lui, le vote de la résolution est une « décision théâtrale ». L'administration américaine qui prépare un embargo sur l'Iran laisse entendre qu'elle n'exclut plus un bombardement par les Israéliens des installations nucléaires iraniennes qui sont dotées de missiles incapables d'assurer leur protection. Le refus des russes de livrer aux Iraniens les S-300, dont chaque unité peut engager simultanément six cibles à une distance de 150 km, aurait-il son explication à ce niveau ?