Photo : Slimene SA. L'Algérie a, certes réalisé des avancées substantielles pour la promotion et la protection des droits de l'homme, mais d'autres efforts supplémentaires sont à déployer. Dans son rapport au titre de l'année 2008, la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme identifie parfaitement les défaillances, bridant ainsi les aspirations des uns et freinant l'aboutissement des stratégies tracées en la matière. Les rédacteurs du rapport se sont intéressés aux différents aspects des droits de l'homme en Algérie, des impacts du support juridique, de la situation du genre (violences contre les femmes et droits de l'enfant) jusqu'aux relations extérieures et coopération, tout en s'intéressant à la défense des droits économiques, sociaux, culturels des citoyens. Le rapport relève un déficit important en matière de communication. Le président de la commission l'a maintes fois relevé, à l'effet de développer une stratégie de la communication et parvenir à la suppression des incompréhensions et préjugés obstruant les relations entre les citoyens et les organismes publics et privés. Faisant l'objet d'une instrumentalisation tous azimuts par de nombreuses ONG et devenant un véritable fonds de commerce pour de nombreuses associations, la question des personnes disparues requiert tout l'intérêt de la commission. Le rapport indique d'ailleurs qu'un nombre restreint de personnes refuse l'indemnisation. Elles préfèrent faire la lumière sur les circonstances de la disparation de leurs proches sans être opposés au principe de la réconciliation. Au sujet des repentis, la commission estime avoir été attentive à leurs doléances, qui portent essentiellement sur leur réintégration dans leur poste de travail. Le rapport fait également part de l'aide de l'Etat aux 17969 familles démunies dont un de leurs proches a rejoint les groupes terroristes et dont le nom figure dans la liste des terroristes abattus. Quant à la réintégration ou l'indemnisation ayant fait l'objet de mesures administratives de licenciement pour des faits liés à la tragédie nationale, le rapport fait état de 5430 dossiers acceptés et 4395 rejetés. Abordant le problème des harraga, la commission reconnaît dans son rapport qu'el harga ou l'émigration clandestine à destination de l'Europe, plus particulièrement les pays de la rive sud de la Méditerranée, prend de l'ampleur dans notre pays. «La différence du harrag (d'aujourd'hui) par rapport à celui des années 80 est qu'il embarque en sachant que la mort rôde autour de lui», lit-on dans le rapport. Les causes sont multiples. La commission cite à titre d'exemple le niveau économique -s'avérant faible - avec une inadéquation flagrante entre le système éducatif et le marché de l'emploi, la décision répressive à l'encontre des harraga (fort médiatisée) la détresse psychologique….. Le phénomène est inquiétant et la commission tire la sonnette d'alarme, d'où la nécessité d'entreprendre des actions en mesure de redonner confiance aux jeunes dans les capacités du pays à leur assurer un emploi. Parmi les mesures prises, il convient de se référer au lancement en novembre 2008 du projet de création de l'Observatoire méditerranéen de lutte contre l'émigration clandestine, avec la France et l'Italie. La commission propose le renforcement des dispositifs d'emploi au profit des jeunes, les diplômés et les universitaires en particulier. l Droits économiques, sociaux et culturels 20% des requêtes reçues concernent la problématique du logement La commission a toujours manifesté une attention particulière à la concrétisation des acquis économiques, sociaux et culturels, donnant ainsi une dimension réelle à la dignité et au bien-être des citoyens. Parmi ces droits, il y a lieu de noter le droit à la protection de la santé du citoyen, la prise en charge des besoins des citoyens. La commission rappelle dans son rapport l'intérêt qu'accorde le président de la République à la nécessité impérative pour le pays d'agir de manière à améliorer, sans cesse, les conditions de vie des citoyens. Extrêmement sensible à la problématique du logement, au vu des doléances reçues au niveau du son siège (soit 20% de l'ensemble des requêtes enregistrées), la commission estime que compte tenu de sa place dans la société, le droit au logement est un des droits économiques dont la consécration est de nature à assurer dignité, confort, sécurité … l Violence contre les femmes et droits de l'enfant Un tableau peu reluisant Révélatrice de comportements et de mentalités préjudiciables à la protection des droits de l'homme, la violence à l'encontre des femmes reste confrontée à un double écueil. C'est la conclusion à laquelle est parvenue la CNCPPDH. Il s'agit de sa quasi-insaisissabilité en raison du silence observé par les victimes et l'aspect tabou qui la caractérise. L'autre raison consiste en la frilosité qui a existé et qui subsiste encore dans la prise en charge des plaintes par les structures concernées susceptibles de faire évoluer intelligemment un dossier aussi sensible et complexe. Selon la DPJ, près de 4500 femmes ont été victimes de violences conjugales ou autres au cours du premier trimestre 2008. 15,8% des agresseurs de ces femmes sont les conjoints, 4,21% des amants ou des fiancés, 3,21% des frères, 2,9% des ascendants. Pour ce qui est des droits de l'enfant, la situation s'avère peu reluisante. Le sujet demeure récurrent.