Au vu de son niveau de consommation actuel, assurée essentiellement par le recours à l'importation, des experts à l'origine du document sur la relance des industries agroalimentaires ont appelé lors des dernières assises à une relance de la production sucrière en Algérie en faisant appel à un « projet pilote de culture de la betterave ». La culture de la betterave existait en Algérie pendant les années 80 et « a été abandonnée aussi bien à l'est du pays en 1981 qu'au centre en 1983 ». Selon les rédacteurs du rapport, la relance de la culture de la betterave pourrait se faire en parallèle avec la canne à sucre. Pour les spécialistes, il s'agit de s'interroger à travers cette nouvelle expérience sur les « raisons d'une culture seulement annuelle (une fois) » chez nous au lieu de deux. Il faut noter que la programme de renouveau rural du gouvernement n'a pas inscrit cette action de relance de la production de la betterave ou de la canne à sucre dans ses priorités probablement pour les insuffisances de cette dernière culture (elle consomme beaucoup d'eau) et certainement aussi en raison de la « faiblesse des rendements » pour la betterave.On reconnaît en effet que notre pays enregistre de« faibles rendements » dans cette variété qu'on estime à 20 tonnes à l'hectare avec un taux de sucre à 14 % contre 60 t/ha et 20% en Europe », ce qui la rend donc peu rémunératrice.L'Algérie s'inquiète de son niveau de consommation actuel en sucre, et des fluctuations des prix sur le marché international. La demande nationale est de 1,1 million de tonnes par an soit une consommation de 30 kg par habitant, un chiffre qui serait loin de la moyenne mondiale qui se situerait autour de 18 à 20 kg. Cela nous place ainsi « parmi les dix gros consommateurs de sucre dans le monde », ajoute le document soumis à la réflexion. L'Algérie importe du sucre roux pour ses usines de transformation (775.000 tonnes) et 300.000 t de sucre blanc destiné à la revente en l'état. Le sucre en question nous vient du Brésil et de l'Union européenne, seule une partie (150.000 t) bénéficie d'un « tarif bas » dans le cadre des exonérations douanières prévues par l'accord Algérie-UE.Pourtant, il y a des capacités de transformation qui peuvent absorber « deux fois la capacité du marché local », note l'étude. Certains investissements, à moins de viser, à terme, la réexportation, sont « étrangement supérieurs aux besoins », s'interrogent les experts. Pour rappel, ces capacités de raffinage de sucre roux sont estimées à 2400 t/jour et seront ramenées à 6400 tonnes avec « la mise à niveau des unités de Khemis Miliana et Guelma » ainsi que « la réalisation d'une raffinerie nouvelle à Bejaia », nous dit-on. Plus près de nous, le Maroc a tenté l'expérience de la production de 500.000 tonnes de sucre à partir de ses unités de traitement de betterave en sus de ses sucreries de canne à sucre. Les experts ne doutent pas qu'il puisse y avoir d'autres alternatives pour atténuer la dépendance comme « l'encouragement à l'introduction des édulcorants (les sucres de synthèse) ou « la production de glucides à partir de fruits telles les dattes », « rationaliser le mode de consommation » mais voient, in extenso,« des retombes supplémentaires avec 'introduction de l'activité betteravière »