Le parfum le plus utilisé dans les rites magiques et les rites d'exorcisme est le benjoin. Suc résineux, obtenu par incision du Styrax Benjoin, un arbre des Indes orientales, le benjoin fournit un parfum très apprécié des Maghrébins. Les marchands arabes qui l'importaient de Sumatra, lui ont donné le nom de luban Jawi, c'est-à-dire «résine de Java», confondant ainsi Sumatra avec Java, mais on sait aussi que la résine était cultivée à Java, à Bornéo et sur les côtes malaises. Les médecins musulmans lui réservait de multiples utilisations : en fumigation, il traite les infections respiratoires, la fièvre, les céphalées, la pleurésie, etc. On le pile également et on le fait absorber, avec de l'eau, aux malades qui souffrent des mêmes maux. Mais comme les autres produits aromatiques, les effets du benjoin sont surtout psychologiques : il procure le délassement, favorise les retraites spirituelles, apaise l'angoisse… Au Maghreb, on en brûle souvent durant les fêtes et, parfois, à l'occasion des veillées funèbres. En fin, le benjoin, jeté dans le feu, dégage une fumée censée éloigner les djinns. Il entre dans la composition des produits magiques, comme al-fasux en Algérie, ou la bs'is'a, au Maroc. Un mélange d'encens, de benjoin, de coriandre, etc. pour briser les charmes et éloigner les mauvais esprits.