Les efforts du gouvernement butent sur la mauvaise gestion locale. Malgré l'encouragement du dialogue social qui vient d'être inscrit parmi les priorités de l'Exécutif reconduit, l'émeute demeure le moyen le plus «approprié» pour exprimer un malaise quelconque. Les citoyens de certaines localités d'Adrar, Khenchela et Bordj Bou-Arréridj viennent d'en donner une preuve irréfutable. Un état de fait qui nous renvoie à une réalité incontestable: les efforts du gouvernement d'Ouyahia ne peuvent aboutir si les élus locaux persistent à agir aux antipodes de la volonté populaire. A Adrar, les citoyens ont occupé la rue parce que les autorités locales ont «inéquitablement» dispatché les aides parvenues suite aux pluies diluviennes qui ont contraint des dizaines de familles à vivre dans la précarité. C'est dire que tous les efforts consentis par l'équipe gouvernementale ont été réduits à néant par la cupidité et l'irresponsabilité des gestionnaires locaux peu soucieux de l'intérêt général. Et c'est exactement les même motifs qui ont conduit les jeunes de Khenchela à exprimer énergiquement leur désapprobation. En effet, les aides débloquées par l'Union européenne en faveur des régions déshéritées du pays, n'ont point touché les catégories en droit d'en bénéficier. Les vieilles traditions «débiles» sont toujours de mise au grand dam d'une population qui est livrée graduellement à elle-même. La reprise des émeutes est, donc, un fait qui confirme incessamment que le dialogue social si cher à la composante actuelle de l'équipe d'Ouyahia est une chimère. La transparence et la loyauté tant promises ne sont toujours pas au rendez-vous, tout comme le contrôle constant sur les agissements des élus locaux. Ces derniers n'arrivent toujours pas à se défaire de leurs errements invétérés qui font à chaque fois remettre en cause la bonne volonté du gouvernement à s'engager sur la voie de la modernité. Désemparés qu'ils sont, les paisibles hères déversent sans réfléchir leur colère sur tout ce qui porte l'empreinte de l'Etat sous prétexte que celui-ci «entretient l'ordre établi». De ce fait, les contestataires viennent de mettre en évidence une condition sine qua non pour un vrai décollage du développement social : les décisions qui se prennent à partir d'Alger sont nulles et non avenues si un contrôle rigoureux ne s'ensuit pas au niveau des communes. Autrement dit, il ne suffit pas d'injecter des enveloppes financières aussi faramineuses soient-elles sans prendre en compte les résultats finaux. Souvent, par naïveté, la chefferie du gouvernement se targue d'avoir réalisé des «avancées considérables» sans se rendre compte que les décideurs locaux ont en décidé autrement : tout est distribué selon le degré de connivence avec César. D'où l'exacerbation de l'esprit clanique et le sentiment de rejet. Aussi, ces nouvelles émeutes renseignent à plus d'un titre que la grogne des citoyens n'a rien à voir avec «la main de l'étranger» ou autres «forces occultes» ; mais elle a un rapport direct avec l'arrogance des gestionnaires locaux qui agissent selon leur propre gré, indépendamment des attentes des citoyens. Les émeutes qui ont refait surface montrent à quel point un programme économique, aussi performant qu'il soit, ne peut tenir toutes ses promesses sans une bonne gestion locale.