La civière des morts est en bois : parfois, elle n'est pas peinte, mais souvent elle est de couleur verte. Elle n'est ni haute ni basse, elle a quatre pieds courts et des bras, des deux côtés pour la transporter facilement. Quand la personne est décédée à l'hôpital ou qu'on doit la transporter d'une autre ville ou de l'étranger et qu'on a utilisé un cercueil, le corps, à la dernière minute, en est extrait. On pense, en effet, que l'homme, issu de la terre, doit y retourner. Dans les villes comme dans les campagnes, seuls les hommes suivent le cortège funèbre. Dans certaines régions, comme la Kabylie, les femmes suivent de loin l'enterrement. Durant le trajet qui va du domicile au cimetière, les hommes prononcent la profession de foi musulmane : «Il n'y a de dieu que Dieu et Mohammed est Son Prophète.» On chante aussi des chants religieux. Voici la description d'un cortège funèbre à Ouargla, dans les années 1940 : «Porté par le muezzin, le coffre contenant les Livres sacrés est en tête du cortège. Derrière viennent les tolbas, puis les porteurs bénévoles de la civière et enfin d'autres personnes. Pour clore la procession, un âne porte le ‘'pain des pieds'', environ cent cinquante galettes et un quintal de dattes…». Le «pain des pieds» est appelé ainsi parce qu'il suit le mort.