Energie n L'explosion de la jeunesse algérienne avec la qualification de l'Equipe nationale au Mondial-2010, a imposé une lecture nouvelle de la société civile dans notre pays. Jamais dans l'histoire de l'Algérie, excepté lors de la fête de l'indépendance, le peuple algérien ne s'est manifesté de la manière dont il l'a fait après la victoire de l'Equipe nationale de football face à l'Egypte pour le compte des qualifications combinées à la Coupe du monde et la Coupe d'Afrique des nations 2010. La liesse populaire qu'a vécue chaque région des 48 wilayas que compte le pays, a démontré que le peuple a toujours son mot à dire contrairement à ce qui se dit dans certains cercles de la politique. Mais le comble dans tout cela, c'est de voir des millions de personnes à travers le territoire national accaparer spontanément l'espace public, bravant ainsi l'interdit instauré jusque-là par l'état de siège. Les algériens en ont assez du cycle de violence, répression, terrorisme, émeutes et de toutes les formes de la «hogra». Ainsi, pour une fois les sociologues et les politologues ont convergé vers une même idée, à savoir que le peuple algérien est en bonne santé malgré toutes «les tempêtes qui ont secoué ses branches». Un peuple qui a exprimé son avidité d'une vie humaine proprement dite, à savoir tout simplement : travailler, rire et faire la fête même tard dans la nuit. Une sortie inédite qui a laissé dire à certains des observateurs et ce, à juste titre, que ce qui s'est passé lors des journées et nuits «folles» d'Alger, est plus fort que le nationalisme révolutionnaire du siècle dernier. «En quelques jours, la génération post-Octobre-1988 a considérablement fait avancer la société, du moins pour un laps de temps, des intégrismes sectaires imposés par des hommes politiques sans vergogne. Le message qu'elle a adressé aux pouvoirs publics est clair et sans ambiguïté de langage : les casseurs d'hier sont les bâtisseurs de demain, il faut désormais compter avec eux», analyse le Dr Rachid Tlemçani, enseignant-chercheur à l'Institut d'études politiques d'Alger, dans une déclaration à la presse. Toutefois, la mobilisation sous un mot d'ordre «one, two, three, viva l'Algérie», qui a fait vibrer tout un peuple au-delà des frontières où aucun slogan politique n'a été scandé ni pour ni contre le pouvoir, devrait ramener les pouvoir publics à tirer des leçons. Pour cela, le Dr Tlemçani préconise que la transition démocratique soit relancée sur une nouvelle base, sans «tricherie». La levée de l'état de siège et l'ouverture du champ médiatique doivent être perçus comme préalables à ce nouveau départ. Autrement, explique-t-il, «les trois millions de jeunes qui étaient décidés à aller jusqu'à Khartoum pour supporter leur équipe pourraient, le cas échéant, canaliser leur énergie pour un autre objectif. Pour être écoutée, la jeunesse a crié cette fois-ci haut et fort. On ne peut rester sourd à son désir de vivre en harmonie avec son temps». Lire demain notre dossier : «Association Tuja à Tizi Ouzou : un exemple d'engagement et de dévouement»