Pour stopper le désert qui avance inexorablement vers le nord, encouragé par les changements climatiques, il n'y a pas meilleure formule que de réhabiliter l'immense ceinture verte lancée dans les années 70. Mais avant, une étude s'impose pour éviter de tomber dans les mêmes travers et faire aboutir ce barrage. «Cette situation n'est pas spécifique à notre pays, puisque la déforestation a fait des dégâts à travers le monde entier et a causé le dérèglement des écosystèmes terrestres», a indiqué ce matin la directrice du Centre de recherches scientifiques et techniques sur les régions arides de Biskra Mme Fatoum Lakhdari sur les ondes de la chaîne III. Cette dernière a évoqué d'autres phénomènes qui ont contribué à l'élargissement de zones arides, notamment le changement climatique. «Plus le climat devient rude et sévère plus les sols sont exposés à la dégradation d'une façon générale», a-t-elle expliqué. Dans les années soixante-dix les pouvoirs publics ont mis en place le fameux programme de barrage vert pour empêcher l'avancée du désert vers les régions agricoles situées au nord du pays. Cependant depuis, aucune autre action concrète n'a été menée pour lutter contre ce phénomène qui menace les terres fertiles du pays, alors que le sable avance d'une année à l'autre. Interrogée sur d'éventuels plans pour limiter les dégâts d'autant plus que le centre de Biskra étudie ces questions, Mme Lakhdari a indiqué : «De par sa situation, l'Algérie est située dans une région géographique caractérisée par un climat aride. Qui dit climat aride, dit aussi couverture végétale réduite et peu dense.» «À côté des facteurs naturels, il ya également des facteurs anthropiques qui accélèrent le phénomène de la dégradation des sols et l'avancée du désert», a-elle souligné. Interrogée sur la décision des pouvoirs publics de réhabiliter le barrage vert, Mme Lakhdari a estimé que reboiser ou boiser quelle que soit la région est une action à encourager vivement. «Le plus important maintenant c'est de tirer des leçons de l'expérience du barrage vert, faire un véritable bilan de ce grand projet, évaluer le taux de réalisation de ses objectifs et étudier les zones où ce patrimoine a porté ses fruits et les zones où ça n'a pas marché», a expliqué Mme Lakhdari. «Il faudrait dresser un réel bilan pour ne pas tomber dans les même erreurs», a-t-elle ajouté. A l'époque de la réalisation de cette ceinture verte qui s'étend de la région est du pays à celle de l'ouest, l'Algérie ne disposait pas d'assez de cadres compétents, tels des agronomes, des hydrauliciens, des géologues et des géographes. Elle ne disposait pas non plus de pépinières, ni suffisamment d'études élargies à ces zones qui ont été touchées par le barrage vert, mais aujourd'hui la situation est complètement différente. «Si l'opération doit être reprise, elle doit l'être sur des bases scientifiques et solides», a dit Mme Lakhdari. A noter enfin que les questions de l'environnement sont devenues aujourd'hui des préoccupations majeures au niveau national et international.