Résumé de la 45e partie n Miss Bulstrode se demandait si Chaddy partirait en même temps qu'elle. Probablement pas. Parce que le collège était sa vraie maison… Miss Bulstrode avait pris sa décision : elle devait choisir celle qui la remplacerait. Qui serait d'abord associée à la direction, avec elle — et qui dirigerait seule ensuite. Savoir quand partir — dans la vie, c'était l'un des grands impératifs. S'en aller avant de perdre son autorité, avant de ne plus tenir fermement les rênes en main..., avant de ressentir la moindre lassitude, la plus petite réticence à poursuivre son effort... Miss Bulstrode acheva de noter les dissertations. Au passage, elle avait remarqué que la petite Upjohn faisait preuve d'une tournure d'esprit originale. Que Jennifer Sutcliffe manquait totalement d'imagination, mais qu'elle avait une perception des faits exceptionnelle. Naturellement, Mary Vyse obtiendrait une bourse — une mémoire fantastique. Mais, Dieu, qu'elle était ennuyeuse ! Ennuyeuse — encore ce mot. Miss Bulstrode l'écarta et sonna sa secrétaire. Elle entreprit de dicter son courrier : Chère lady Valance, Jane a eu quelques problèmes d'oreilles. Je vous envoie, ci-jointes, les conclusions du médecin, etc. Cher baron von Eisenger, nous pouvons certainement prendre nos dispositions pour que Hedwige puisse aller à l'opéra, afin d'entendre la Hellstern dans le rôle d'Isolde... Une heure passa en un éclair. Miss Bulstrode s'arrêtait rarement pour trouver ses mots. Le crayon d'Ann Shapland courait sur son bloc-notes. Une très bonne secrétaire, pensait miss Bulstrode. Bien meilleure que Vera Latimer. Une fille sans relief, cette Vera. Qui avait démissionné sans préavis. Une dépression nerveuse, avait-elle dit. A cause d'un homme, se souvint miss Bulstrode, résignée : en règle générale, il y a un homme dans le tableau. — Voilà, c'est fini, soupira miss Bulstrode avec soulagement, après avoir dicté la dernière phrase. J'ai tant de choses ennuyeuses à faire. Ecrire aux parents, c'est comme nourrir des chiens. Ça consiste à déverser des pelletées de platitudes apaisantes dans des gueules affamées. Ann Shapland éclata de rire. Miss Bulstrode lui lança un regard d'approbation : — Qu'est-ce qui vous a donc poussée, Ann, à prendre un travail de secrétariat ? — Je ne sais pas trop. Je n'avais pas d'inclinaison particulière pour quoi que ce soit. Mais c'est le genre de job que presque tout le monde peut faire. — Vous ne trouvez pas ça monotone ? — J'imagine que j'ai eu de la chance. J'ai occupé des postes très différents. J'ai travaillé pendant un an avec sir Mervyn Todhunter, l'archéologue, et puis, après cela, avec sir Andrew Peters, à la Shell. Pendant une période, j'ai aussi été la secrétaire de Monica Lord, l'actrice – là, c'était de la frénésie !... Elle souriait à ce souvenir. (à suivre...)