Apaisement Au cours de la conférence de presse, l?occasion a été donnée aux journalistes de revenir sur ce qui s?est passé en Tunisie. En bon communicateur, Ouyahia a essayé de convaincre le parterre de journalistes sur la raison d?Etat liée aux relations fraternelles avec le gouvernement et le peuple tunisiens qui a empêché l?Etat algérien de politiser ce qui s?est passé un certain 8 février 2004 à Sfax. Dans son intervention, le Chef du gouvernement a parlé de deux aspects : «Le premier a trait à ce qui s?est passé à Sfax en marge du match Maroc-Algérie et le comportement de la police tunisienne avec les supporters algériens, cela est qualifié de regrettable et d?inélégant surtout que les deux pays fêtaient ce jour-là les événements historiques de Sakiet Sidi Youcef. Un point culminant de la solidarité entre les deux pays. En tant qu?Etat, nous avons pris nos responsabilités et agi sans politiser cette affaire. L?Etat tunisien lui-même a reconnu qu?il y a eu des dépassements et nous a aidés à acheminer nos supporters vers les frontières, notamment ceux, au nombre de 600, qui n?avaient pas de passeport. Il a mis également en place une commission d?enquête pour faire toute la lumière sur ces regrettables incidents. Toutefois, le sens des responsabilités nous impose de ne pas semer la haine entre deux peuples proches qui vivent en harmonie quotidiennement. Le second aspect, en revanche ? et que je n?accepte pas ? est qu?un homme politique algérien adresse une lettre ouverte au président d?un pays étranger en humiliant ce pays et en lui portant atteinte. Je dirai que c?est un acte irresponsable. Que l?APN mette en place une commission d?enquête oui, mais n?allumez pas le feu de la haine et ne poussez pas nos enfants vers l?irréparable.» Le chef de l?Exécutif rappellera que l?Algérie est sur le point d?accueillir les Jeux panarabes et qu?il est inopportun de dresser les uns contre les autres. «Allons-nous nous attaquer aux camions tunisiens ? dira-t-il. «Que cela vienne de la part d?un jeune, c?est inexcusable, mais de là à politiser cette affaire, au diable cette démocratie qui nous autorise à jouer avec n?importe quoi ! Si vous doutez de l?Etat algérien, c?est votre droit. Si vous voulez critiquer l?Etat algérien, faites-le, mais ne jouez pas avec nos enfants et avec les liens sacrés qui nous lient avec nos voisins». C?est donc, clair, l?Etat algérien ne voudrait même pas protester fermement contre la bastonnade de Sfax qu?ont subie les supporters des Verts, mais il se contentera des rapports officiels entre les deux pays à ce propos et éventuellement des résultats de la commission d?enquête installée à cet effet. Ouyahia évoquera les tensions et les incidents qui ont eu lieu entre l?Angleterre et la Turquie lors des dernières éliminatoires de l?Euro 2004, mais pas un mot de compassion pour les trois jeunes décédés ou pour toutes les victimes blessées ou dont les véhicules ont été endommagés, alors qu?auparavant il se recueillait sur la mémoire du jeune tué «accidentellement» par un gendarme à Oued Smar. Simple oubli ou lapsus de taille ? Pour un Ouyahia, aussi minutieux et averti, c?est un peu étonnant.