Réalité n Il ne faut pas se voiler la face : s'il y a un service des transports où l'arnaque et la mauvaise foi sont indissociables c'est bien sûr celui des taxis, avec évidemment des exceptions. Cela ne veut pas dire que tous les pilotes derrière un volant «jaune» sont malhonnêtes, mais ils ne sont pas la majorité malheureusement. Nous avons fait une expérience en nous rendant du centre d'une grande ville à une agglomération à la limite de la wilaya et distante de 60 kilomètres. Le premier chauffeur de taxi nous a fait payer 7 000 DA, le second 600 DA et le troisième enfin 450DA. Pourtant nous avons emprunté le même circuit et les trois compteurs étaient bloqués. En fait, il n'y a pas de tarifs précis. Les courses se font en général au pif quand bien même vous marchanderiez. Quant aux clandestins - il faut bien en parler - qui font désormais partie du paysage des gares routières, ils pratiquent carrément la surenchère et pas avec le dos de la cuillère. Leur prix est 3,4 et même 5 fois plus cher que celui des «taxieurs» ordinaires. Et cela pour une raison très simple : ils n'opèrent au niveau de ces gares que lorsque les taxis ont fait leur plein et qu'ils ont disparu. Les pauvres voyageurs qui descendent des train ou des cars, les derniers tout particulièrement et qui n'ont donc pu héler un taxi, sont pris à la gorge et paient en général la course au prix fort. A leur corps défendant. Quant aux jours de fêtes comme l'Aïd el-fitr ou l'Aïd el-adha, la plupart des «taxieurs» refusent de travailler et d'assurer ainsi un service minimum sous prétexte qu'ils ont droit, eux aussi, à la chaleur et à la liesse familiales. Il n'en faut pas plus aux clandestins pour proposer leurs services mais à quel prix ! Pour en revenir à la corporation des chauffeurs de taxi et sans vouloir lui jeter l'anathème, il est peut être temps de l'organiser ou du moins de la moraliser ne serait-ce que dans le choix de ses travailleurs. Quelques-uns par exemple «oublient» de rendre la petite monnaie et lorsque le client la réclame, il est vertement tancé sous prétexte que c'est à lui de faire l'appoint. D'autres s'ingèrent sans honte dans la discussion des passagers. Ils ont un point de vue tout tranché en ce qui concerne n'importe quel problème, politique, économique, social ou même culturel. Et ne vous avisez pas de les contredire, ils sont maîtres à bord. Rares sont les «taxieurs» qui font la maraude aux heures de pointe. Tous fuient ou garent quelque part où ils ne seront pas dérangés. Tous fuient les avenues où l'on procède à des travaux, les quartiers populeux, les quartiers dits «sensibles». Rares aussi les «taxieurs» qui vous déposent exactement là où vous voulez aller, c'est toujours à 50 ou 100 mètres qu'ils vous «larguent» comme un sac de pommes de terre… pour gagner du temps et prendre d'autres clients. La corporation à l'évidence a besoin d'être secouée.