La petite finale, celle qu'on désigne souvent comme celle de la consolation des déçus, a tenu toutes ses promesses, comme l'a été cette Coupe du monde organisée par l'Afrique du Sud. Au bout de ce match Allemagne - Uruguay, c'est l'équipe la plus offensive (16 buts), la plus jeune et la plus prometteuse qui a été consacrée remontant pour la seconde fois sur la troisième marche du podium mondial. L'Allemagne est dans les temps de passage et toujours au rendez-vous ; elle aurait pu faire mieux qu'en 2006, chez elle, mais elle a dû abdiquer devant plus fort qu'elle. Que dire de la Céleste, cette équipe de cœur et de vaillance d'une nation enclavée d'Amérique du Sud et d'à peine 4 millions d'habitants si ce n'est qu'elle est la grande et belle surprise du Mondial-2010. Elle sort vraiment la tête haute après s'être battue bec et ongles pour aller le plus loin possible, même en utilisant la main de Suarez pour s'offrir une incroyable et inespérée séance des tirs au but en quart de finale face au Ghana. Aujourd'hui, place à la finale dans le magnifique Soccer City de Johannesburg où, pour une première dans les coutumes de la Coupe du monde, c'est Fabio Cannavaro, capitaine de l'équipe italienne vainqueur en 2006, qui ramènera le trophée pour le remettre en jeu afin qu'il soit remis par la suite au vainqueur. Après un mois de compétition, 63 matchs disputés, 139 buts marqués jusqu'à maintenant, qui de l'Espagne ou des Pays-Bas sera consacré au bout d'une nuit qui s'annonce longue et bruyante encore une fois aux sons des Vuvuzelas Et entre le fameux Paul le Poulpe, qui ne s'est jamais trompé dans ses paris depuis le début de la compétition, annonçant la victoire de la Roja, et les sièges de couleur orange du Soccer City, qui pour certains sont prémonitoires pour un succès néerlandais, une finale de Coupe du monde ne tiendrait pas à une simple prédilection. «Une finale, il ne faut pas la jouer, mais la gagner» comme se le disent les joueurs des deux camps, animés, les uns par une revanche sur le sort qui ne leur a pas souri en 1974 et 1978, cas des Pays-Bas, et les autres par cette première consécration qui leur tend les bras, cas des Espagnols champions d'Europe en titre. Qualifiés haut la main en réalisant le grand chelem lors des éliminatoires (dix victoires pour autant de matchs chacun), l'Espagne et les Pays-Bas sont les deux meilleures équipes de ce Mondial, les mieux préparées et les plus efficaces pour avoir été capables d'aller au bout de leurs ambitions. Espagne - Pays-Bas, c'est aussi la consécration du collectif au détriment des qualités techniques individuelles qui ont laissé des plumes sur les terres d'Afrique du Sud, à l'image de Messi, Cristiano Ronaldo, Rooney, Drogba et autre Kakà. Il y a vingt ans, la société sud-africaine vivait divisée en deux : les Noirs d'un côté, les Blancs de l'autre. Aujourd'hui, la fierté de la nation arc-en-ciel est telle qu'elle est devenue l'exemple à suivre, la locomotive de tout un continent. Et déjà l'on pense, du côté de Johannesburg, à l'organisation des jeux Olympiques, histoire de se projeter sur l'avenir, tout en pensant à investir dans le développement du football en profitant des 100 millions de recettes issues de la billetterie de la Coupe du monde. Des académies vont naître, il y aura de la formation et du travail très dur pour qu'un jour cette nation sud-africaine puisse parvenir à non seulement se qualifier à une phase finale de Mondial, mais à aller le plus loin possible et pourquoi pas gagner un jour le trophée. Le rêve est permis.