Dans l'uniforme frappé de l'emblème doré des chemins de fer russes, un enfant de 15 ans conduit fièrement son train dans la campagne moscovite : en Russie, des enfants sont formés dès l'école au métier de cheminot, une tradition qui perdure depuis l'époque soviétique. Une main sur la manette des freins, l'autre sur le levier d'accélération, cet enfant opère sous l'œil d'un instructeur. «Tout est pareil, ce sont les mêmes passagers, les mêmes locomotives, les mêmes dangers. C'est du sérieux», insiste-t-il. «Il y a les mêmes dangers. L'année dernière, j'ai failli rentrer dans un camion qui se trouvait sur la voie», ajoute le jeune conducteur aux commandes d'une rame de six wagons. Une autre petite fille de 12 ans qui porte elle aussi la jupe noire et la chemisette bleue des employées des chemins de fer russes, contrôle de son côté les billets des passagers. Aux arrêts, une autre collégienne donne le signal du départ. D'autres cheminots en herbe pilotent les aiguillages, ou, armés d'énormes clefs à molette, accomplissent les gestes techniques qui font le dur labeur, été comme hiver, du cheminot russe. D'autres encore, âgés de 11 à 17 ans, attendent leur tour parmi les passagers pour passer, eux aussi, à la pratique sur cette ligne qui fonctionne l'été. Le reste de l'année, ils suivent des cours théoriques en plus de leur scolarité habituelle.