Résumé de la 162e partie n Miss Rich avoue avoir quitté Meadowbank parce qu'elle était enceinte. Nous n'aurions jamais pu envisager un mariage, confirma Eileen Rich. Je le savais d'avance. II n'y a rien à lui reprocher. — Bon, très bien. Vous avez eu une liaison et vous vous êtes retrouvée enceinte. Vous vouliez de cet enfant ? — Oui. Oui, je voulais l'avoir ! — C'est bon, résuma miss Bulstrode. Mais moi, maintenant, je m'en vais vous dire quelque chose. Je suis persuadée qu'en dépit de cette aventure, votre vraie vocation c'est l'enseignement. Votre profession, me semble- t-il, compte davantage pour vous qu'une soi-disant «vie de femme», avec un mari et des enfants. — Oh ! oui, j'en suis sûre ! Je l'ai toujours pensé. C'est en vérité ce que je veux faire..., c'est la vraie passion de mon existence. — Alors, ne soyez pas sotte, décréta miss Bulstrode. Je vous ai fait une très honnête proposition. Enfin, si jamais notre situation s'arrange, j'entends... II nous faudra alors bien deux ou trois ans pour ramener Meadowbank au premier rang. Vous aurez des idées différentes des miennes. Je les écouterai. Certaines d'entre elles, je les mettrai peut-être même en œuvre. Je suppose que vous souhaitez que les choses changent à Meadowbank ? — Par bien des côtés, oui, reconnut Eileen Rich. Je n'essaierai pas de vous faire croire le contraire. Je veux qu'on mette l'accent sur les pensionnaires qui en valent réellement la peine. — Ah !... je vois... C'est notre côté snob qui vous déplaît, n'est-ce pas ? — Oui. Il me semble que cela gâche tout. — Ce que vous ne me paraissez pas comprendre, dit miss Bulstrode, c'est qu'il nous faut savoir admettre au collège les petites snobinettes si vous voulez aussi avoir chez nous le genre de filles que vous souhaitez. Quelques jeunes princesses, quelques grands noms, et tout le monde, tous les parents stupides de ce pays - et d'ailleurs - viennent pleurer pour que leurs filles entrent à Meadowbank. Et qu'en résulte-t-il ? Il en résulte une liste d'attente interminable. Alors moi, je n'ai plus qu'à rencontrer les gamines, et à choisir celles qui me conviennent !... Et je les choisis avec soin, certaines pour leur personnalité, certaines pour leur intelligence, et d'autres encore parce qu'elles possèdent un cerveau bien armé pour briller dans les études. Sans parler de celles dont je pense qu'elles n'ont pas bénéficié d'une vraie chance de faire leurs preuves mais qu'elles en valent la peine. Vous êtes jeune, Eileen, et dévorée par votre idéal. Pour vous, seuls importent l'enseignement et l'éthique qui devrait le sous-tendre. Votre vision est parfaitement juste : ce sont nos élèves qui comptent. Mais, voyez-vous, lorsqu'on veut réussir dans quelque domaine que ce soit, il faut aussi se comporter en bonne vendeuse. Les idées ne diffèrent pas des autres marchandises. On doit les vendre. Nous allons devoir nous dépenser du mieux de notre habileté, dans les mois qui viennent, pour remettre Meadowbank sur pied. (à suivre...)