Procès n Celui qui sévissait dans la ville de Tizi Ouzou pendant presque une année, avant d'être arrêté en octobre dernier, a été présenté, hier, dimanche, devant le juge. La minuscule salle d'audience était pleine comme un œuf, bien avant l'ouverture du procès. Plusieurs avocats ont tenu à y assister. Au box des accusés, M. Fateh, 34 ans, natif d'Alger, habitant à la Haute-Ville de Tizi Ouzou et père d'un enfant, est poursuivi dans deux affaires pour «vol sous la menace d'une arme blanche» et «vol sous la menace d'une arme blanche et coups et blessures». L'affaire remonte à décembre 2009, période où il a commis son premier vol. A midi, il se présente chez une avocate sous un faux nom pour une consultation juridique. Durant l'entretien, nous raconte la victime qui nous a reçus dans son bureau, «il s'est assuré que j'étais seule, alors il a tiré une paire de ciseaux pour me menacer et m'a demandé de lui remettre mes bijoux, mon téléphone portable et l'argent que j'avais sur moi». Après ce premier forfait, M. Fateh en commettra 6 autres, 4 dans des cabinets d'avocats, un dans un bureau d'huissier et un dans un cabinet médical. Le procédé est toujours le même. Il se présente aux heures de pointe (vers 9h, 16h ou midi), demande une consultation juridique et, après s'être assuré que sa victime est bien seule, il la menace avec un couteau, qui a remplacé la paire de ciseaux à partir du deuxième vol. Il lui intime alors l'ordre de lui remettre bijoux, objets de valeur et argent. Il a continué à sévir jusqu'au 14 octobre dernier. Ce jour-là vers 9h 30, il se présente chez une avocate qui était seule dans son bureau à la cité Bouaziz. Même scénario. Il lui ordonne, sous la menace d'un couteau, de lui remettre ses bijoux et ses deux téléphones portables. Il lui demande également de lui remettre son alliance, mais elle refuse. Alors, il la frappe violemment puis l'enferme dans les toilettes. La victime réussit à s'échapper et se met à crier. Son frère, qui l'a entendue – le cabinet de l'avocate et l'appartement de sa famille sont dans le même bâtiment –, accourt et surprend le voleur. Ce dernier le frappe avec le couteau et le blesse à la main. Alertés, les jeunes du quartier se lancent à la poursuite du voleur et finissent par l'attraper et le remettre à la police. Hier, M. Fateh, qui s'est présenté à la barre sans défense – tous les avocats, par solidarité avec leurs consœurs, ayant refusé de prendre son affaire –, n'a pas nié les faits retenus contre lui. Il dira au juge qu'il était obligé de voler pour rembourser ses dettes. Pour leur part, les victimes étaient entourées d'un collectif d'avocats chevronnés, dont Mes Rahem, Aït Ali, Chellat, Saadoune, Mezil... qui ont mis en exergue la grave atteinte à leur profession et demandé le dinar symbolique pour les victimes. Le bâtonnat s'est constitué partie civile. Dans son réquisitoire, le procureur de la République a requis la peine maximale, à savoir 10 ans de prison ferme. Le verdict sera rendu dimanche prochain.