Scrutin En déclarant son soutien à Benflis, Taleb Ibrahimi vient de relancer le «match». Après la guerre des communiqués, des déclarations intempestives par colonnes interposées, la campagne électorale découvre un avatar : la guerre des soutiens. Ceux qui s?attendaient, depuis belle lurette, à une razzia de Bouteflika, ne s?empêchant guère de le qualifier de rouleau compresseur, ont, aujourd?hui, toutes les raisons du monde pour revoir leur copie et se préparer évidemment à toutes les éventualités. Bouteflika n?a pas attendu le coup de starter de la campagne électorale pour affirmer que «la partie n?est pas gagnée d?avance», lui qui sait plus que tout autre ce que vaut réellement le soutien indéfectible de Taleb Ibrahimi à Benflis et éventuellement les prochaines alliances en prévision du? deuxième tour. La partie n?est effectivement pas gagnée d?avance, car avec un Wafa obnubilé par ses 1,5 million de potentiels électeurs, Benflis peut se prévaloir d?un atout maître et risque de faire pencher la balance en sa faveur. Mais pour cela, il lui faut avant tout élucider l?énigme Wafa, car depuis 1999, beaucoup de choses ont changé. Aujourd?hui, observateurs et analystes avisés ne savent pas ce que vaut réellement le poids d?un parti, absent organiquement sur l?échiquier politique, mais qui fait franchement peur au camp bouteflikien à la seule évocation de l?antichambre de la base de l?ex-FIS. Et Wafa n?est pas le seul à avoir pris la décision d?emprunter le chemin sinueux de la guerre des soutiens au gré, il est vrai, de marchandages politiques. Le Front national algérien de Moussa Touati a décidé, lui aussi, de se rallier à la cause Benflis dans ce qui s?apparente plus à une velléité d?arriver, au bout, à un vote-sanction. Ainsi donc, si le scrutin était conditionné par les alliances et soutiens indéfectibles, l?on serait avant tout tentés de mesurer, non pas le poids de Bouteflika et de Benflis, un tandem qui, semble-t-il, est à un cran au-dessus des autres concurrents, mais surtout le poids de leurs soutiens. On ne le redira jamais assez, l?Ugta, le RND, le MSP, l?aile redresseurs du FLN et toute la myriade d?associations acquises à la cause de Bouteflika, peuvent faire la différence et ce au moment où l?on est tout de même contraint à séparer le bon grain de l?ivraie, autrement dit faire la part des choses entre l?info et l?intox. Une intox qui ne peut trouver meilleur terrain pour s?exprimer en toute impunité. En tout état de cause, cette guerre de soutiens laisse présager un scrutin serré contrairement à l?idée selon laquelle les jeux étaient déjà faits?