Panorama n L'exposition consacrée au plasticien Mohamed Khadda se poursuit au Musée d'art moderne d'Alger (Mama). Il s'agit d'une exposition et d'une rétrospective de l'œuvre picturale de l'artiste, une œuvre riche et monumentale. Cette exposition regroupe plus de 150 toiles. Les tableaux exposés font partie de la collection du Musée national des beaux-arts d'Alger, du Musée national Ahmed-Zabana d'Oran, de l'Union nationale des arts culturel (Unac) et de l'atelier Khadda. Certains ont été prêtés par des collectionneurs particuliers. Cette exposition est organisée dans le cadre de la commémoration du 20e anniversaire de la disparition de l'artiste, le 4 mai 1991. Elle se poursuivra jusqu'à la fin du mois de juin prochain. En parcourant l'exposition, l'on peut distinguer chez l'artiste deux types d'expression picturale. Il y a des peintures à l'huile. Là, dans ce registre, l'artiste, loin du cliché, récupère le signe qu'il puise dans l'ancestrale mémoire algérienne, voire maghrébine. Il récrée la graphie berbère ou l'alphabet arabe de telle manière que cela prend de nouvelles tournures esthétiques. Le signe devient en soi l'expression d'une poétique. Parallèlement à la peinture, on retrouve des aquarelles où les tons et les couleurs sont plus légers, empruntant des rose et bleu très clairs qui dénotent d'un esthétisme plus teinté de douceur, de tendresse et moins violent que dans les graphismes. Notons que Mohamed Khadda, l'un des initiateurs de l'Ecole du signe Aouchem, a contribué au développement et à l'émancipation de l'art de la peinture en Algérie, et ce, aux côtés d'autres plasticiens de sa génération. Zoubida Seddiki-Haddad, universitaire, considère l'œuvre de Mohamed Khadda comme étant spécifique, frappée d'originalité. Et de souligner : «Mohamed Khadda a révolutionné la peinture algérienne, réussissant à créer des œuvres à la touche et vision personnelles et originales, portées par un style particulier.» Farid Zahi, critique de cinéma et d'art marocain, qualifie Mohamed Khadda de «l'un des dinosaures de l'identité plastique maghrébine et arabe», tout en mettant en avant le cachet particulier de ses œuvres qui fait de lui un «plasticien unique» en son genre. Et d'estimer : «Il n'y aura plus de Khadda après Khadda.» Tout cela pour dire l'originalité et la singularité de l'œuvre de cet artiste, qu'il a su créer tout au long de son parcours artistique qui remonte aux années 50. Mohamed Khadda, l'un des rares artistes algériens à figurer dans le dictionnaire universel des artistes Benezit, est né le 14 mars 1930 à Mostaganem dans l'Ouest algérien. A 17 ans, il s'essaye à la poésie et effectue ses premières peintures en autodidacte. En 1953, il arrive à Paris avec l'idée de se consacrer plus sérieusement à la peinture. Il a été typographe et maquettiste dans différentes imprimeries. Dès son arrivée en France jusqu'en 1962, il fréquente les cours du soir de l'académie de la grande Chaumière. Il retrouve le journaliste Mustapha Kaïd, se lie avec le comédien Mustapha Kateb et le romancier Kateb Yacine. Il milite pour l'indépendance de l'Algérie. En 1963, Khadda rentre en Algérie. Il est membre fondateur de l'Union nationale des arts plastiques (Unap). Il expose dans plusieurs expositions personnelles et collectives en Algérie et à l'étranger.