Tradition n L'or est incontournable dans toutes les étapes du protocole du mariage et la région, où les jeunes désireux de convoler en justes noces se retrouvent pieds et poings liés par de véritables «boulets en or». La «mehazma» (ceinture en louis d'or), la paire de «mekias» (bracelet traditionnel), le «skhab» (chaîne traditionnelle) et autres bijoux en métal jaune continuent d'être exigés même si leur acquisition demande des années de labeur, d'épargne et de privation, en plus de la contraction d'énormes dettes. Avec le retour de l'été, saison des fêtes de mariage par excellence, les prix du métal précieux et les dernières «trouvailles» en vogue en matière de bijoux en or, occupent le plus clair des discussions de la gent féminine guelmie qui, souvent, mesure l'attrait qu'exercent les filles sur leurs prétendants à l'aune du contenu espéré de son «vanity case». Tout le monde à Guelma se plaint de la cherté de la dot et des frais des protocoles liés au mariage que l'on accuse d'être derrière le mariage de plus en plus tardif des jeunes, et la cause de nombreux problèmes après le mariage. Pourtant, l'inflation ne baisse pas pour autant, bien au contraire, la surenchère en matière de bijoux en or et en billets de banque, voire en devises mis dans la cagnotte du mariage, ne fait qu'augmenter. Une tradition, aujourd'hui en passe de prendre des allures «d'évidence» dans toutes les zones urbaines et rurales de la région de Guelma, veut que le prétendant offre un bijou en or, généralement une bague, à sa dulcinée, dès le premier contact avec sa famille, au titre de la demande «préliminaire» en mariage (khotba), avant même la cérémonie de la Fatiha. La même tradition exige qu'une autre bague en or, encore plus chère, est ensuite offerte pour officialiser les fiançailles et enfin un 3e anneau et d'une valeur encore plus importante que les deux précédentes, vient sceller l'établissement administratif de l'acte de mariage. Loin de s'arrêter aux bagues, la liste des cadeaux et des dépenses ne fait que s'allonger au fil des mois et des occasions, pour les jeunes «princes charmants» à la recherche de l'oiseau rare, à Guelma. Les plus avertis et les mieux préparés (ou plus futés) préfèrent donc accélérer la procédure et fixer dans les plus brefs délais la date des noces pour s'épargner des dépenses supplémentaires. La tradition veut, en effet, ici, que le jeune prétendant doive se «rappeler» sa future épouse à l'occasion des deux Aïds, du Mawlid Ennabaoui et de l'Achoura ainsi qu'à l'occasion du début de l'année et du début du printemps. Pour ces occasions, un repas de fête complet, depuis le gigot d'agneau et les fruits jusqu'au sel et l'oignon, se doit, pour être vraiment digne de la nouvelle famille par alliance, d'être accompagné d'un bijou en or. Tous ces cadeaux ne peuvent remplacer la dot légale qui représente, elle, un autre «coup de massue» sur la tête du fiancé. R. L. / APS