Entretien - Le P/APC de la commune de Mouzaïa, Hadj Kouider, qui nous a reçus en audience à la fin de notre enquête, venait juste de revenir d'une tournée d'inspection avec le wali de Blida. «J'ai, durant toute la journée, sillonné la commune de Mouzaïa pour inspecter des projets, dont certains pataugent», nous dit d'emblée le premier magistrat de la commune, qui semble satisfait des décisions prises par le wali. Ce dernier a fait une mise au point avec certains responsables de projets défaillants. Questionné au sujet du détournement du foncier de la commune, M. Hadj Kouider, qui est à la tête de la commune depuis cinq mois seulement après l'éviction de son prédécesseur, s'en lave les mains. «J'ai discuté en présence des services de sécurité avec les citoyens pour une éventuelle libération des espaces occupés illégalement. Déloger des citoyens n'est pas aussi facile que cela. Il n'est pas de mon ressort de mettre un frein à cette agression du foncier. J'ai hérité d'une situation catastrophique. En premier lieu, il faut noter que le détournement du foncier n'est pas l'apanage de la commune de Mouzaïa uniquement. C'est un problème national qu'il faut combattre à la racine. Avant que ne se produise la dernière invasion des citoyens, nous avons toujours proposé à notre tutelle la cession de ces terrains. Malheureusement, nos délibérations sont restées lettre morte», dit-il. Et de poursuivre : «La fin du mandat est pour bientôt. Je n'ai pas envie de me faire poignarder à l'issue de mon investiture à la tête de la commune.» Notre interlocuteur dit aussi qu'il ne risque pas de démolir les constructions illicites implantées sur les parcelles de terrain détournées. «Aujourd'hui, je suis bien protégé. Je me promène librement en ville et fréquente même des cafés maures pour des parties de dominos avec les personnes de ma génération. Mais demain je ne risque pas de pouvoir trouver une garde rapprochée, ni pouvoir poursuivre une vie paisible dans ma ville natale.» Toutefois, le maire de Mouzaïa est convaincu que les citoyens qui ont implanté des bidonvilles sur les terrains détournés n'ont qu'un seul objectif «prétendre à un logement, ce qui est légitime. En Algérie, nous avons depuis longtemps dépassé le seuil de la démocratie socialiste. Nous sommes le seul pays qui donne gratuitement des logements au peuple. C'est donc 400 à 500 millions offerts par l'Etat au citoyen», ajoute le premier magistrat de la commune. Interrogé au sujet de la famille qui vit à l'intérieur d'une cave à la cité des 50 Logements, notre interlocuteur semble bien au fait de la situation et se montre sensible au calvaire de la famille de Tayeb Zerrouki. «Sans le moindre doute, il s'agit d'un cas social d'une extrême délicatesse. Cette famille a été installée il y a 9 mois au niveau de cette cave pour parer à toute éventualité de dislocation de la cellule familiale. Après avoir figuré sur une liste d'attribution de logements sociaux, je ne sais comment elle a été remplacée par une autre personne. Je détiens une information que je n'ai pas encore confirmée au niveau de la daïra selon laquelle cette famille figure sur la liste des futurs attributaires de logements. Face à une dernière question qui nous a été posée par les citoyens portant sur l'affichage de la liste et la distribution des 102 logements, le maire a répondu par une autre question : «Dites-moi comment faire pour distribuer 102 logements lorsque vous avez plus de 13 000 demandes ?»