Que le croissant rouge algérien annonce triomphalement que le nombre de citoyens pris en charge est en « constante augmentation », c'est l'aveu d'une paupérisation qui ne cesse de gagner du terrain. Même son de cloche du côté du Ministère de la solidarité où l'on déclare que toutes les dispositions son prises pour que cette « charité officielle » se déroule sous de meilleurs auspices (hospices ?) avec de substantielles avantages aux sans domicile fixe. Selon les articles de presse émanant de l'Algérie profonde, comme on aime de qualifier le reste du pays, les chiffres concernant la fameuse prise en charge des nécessiteux sont étalés comme autant de trophées annonciateurs de grandes expéditions contre la pauvreté. Les responsables aiment à s'enorgueillir de bilans sans cesse en hausse et ils se targuent de déclarer, le regard fier, que le nombre de citoyens pris en charge dans le cadre du filet social « est en augmentation par rapport à l'année d'avant ». Sans doute que la velléité des commis de l'Etat à présenter des bilans élogieux concernant leur investiture, ont-ils oubliés que les chiffres des nécessiteux qui doublent et ceux des fournitures scolaires qu'on distribue à tire-larigot ne sont en définitive que le désaveu d'une politique sociale menée à l'aveuglette, puisant ses grandes lignes dans l'improvisation et le souci de parer au plus pressé, ouvrant dans l'urgence les trésoreries pour faire l'aumône que de lancer des programmes d'emploi à même d'éradiquer le chômage, donc la pauvreté. C'est que ce début d'année particulièrement, l'indigence et le dénuement ont connu un formidable essor avec l'augmentation des prix des produits comme les légumes au point où même des salariés désargentés songent à grossir les queues devant les guichets des services sociaux des APC, pour, disent-ils, alléger les dépenses quotidiennes faramineuses. Il faut se rendre à l'évidence : quand les citoyens arrivent à traficoter pour bénéficier d'une allocation destinée aux chômeurs, ce ne sont pas des « escrocs » mais des pauvres qui n'ont de cesse de grossir les rangs d'autres pauvres. Et ainsi va l'Algérie aux milliards de dollars. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.