J'ai rêvé hier qu'au moment où les jeunes attendaient l'avis favorable de l'Ansej, de la Cnac et de l'Angem, que j'étais devenu député, développant à l'intérieur de ces institutions un discours empreint d'une incroyable franchise. «J'occupe un poste de député pour être craint, sollicité et, par là même, je fais partie des grands de ce pays. J'ai tiré le maximum d'avantages de cette situation puisque le pétrole coule à flots. J'ai bénéficié de crédits refusés aux autres, construit des villas que j'ai louées à des prix exorbitants aux diplomates et aux fonctionnaires internationaux. Et, pour les excellences, je possède une maison de maître et un manoir en Europe, histoire d'assurer mes arrières. Tout est si précaire et éphémère ! Y compris les honneurs.» Soudain dans le rêve un décret présidentiel est venu tout remettre en cause. Je me suis retrouvé plongé dans un anonymat qui laisse songeur : plus de villas de fonction avec domestiques, plus de voitures luxueuses avec chauffeur, plus d'amis, plus de courtisans. Autour de moi le vide, le néant. Je devais rendre des comptes à la justice. Même dans les rêves il y a une justice ? Mais au service de qui ? Du riche ou du pauvre ? Du pouvoir ou du citoyen ? Devant moi se présente dans le rêve le chef de file de ces jeunes qui attendent depuis des lustres un avis favorable de l'Ansej, de la Cnac et de l'Angem accompagné des représentants de ces populations qui vivent la misère pour me dire : «Dans notre pays encore jeune, nous avons instauré un régime fort et autoritaire. Nous allons vivre une nouvelle époque de psychodrame et tous les rats qui ont occupé le bateau et qui se sont mis des casquettes de capitaine doivent rendre des comptes». Je me réveille fiévreux, tremblant et apeuré. En venant au siège du journal, je rencontre un copain candidat aux prochaines élections. En lui racontant mon rêve, il m'assure que dans notre pays, cette issue est inimaginable… même dans les rêves. «Tant que le pétrole coule à flots, il faut continuer de faire partie de l'équipage en portant la casquette de… député». Je ne sais tout de même pas s'il faut dire Amen ou pas. C'est aux rats de répondre. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.