Le ministère des Affaires religieuses, nous dit-on, a sollicité les Imams pour inviter, par le biais des mosquées, les citoyens à aller voter massivement lors des prochaines élections législatives. Ce n'est pas la première fois que la religion est appelée à la rescousse de la politique, et cette intrusion du discours dans le prêche n'est pas inédite. Il y a une année, lors des évènements qui ont secoué les pays voisins, la mosquée fut «réquisitionnée» pour faire la leçon aux fidèles en les invitant à ne pas manifester au risque de commettre un sacrilège car, dixit l'imam, il faut respecter les responsables politiques et se garder de chercher à les remettre en question. Il y a assurément une grave confusion de deux domaines fondamentalement distincts, la politique relevant du domaine public et la religion de celui strictement individuel. Le Livre Saint est pourtant très clair à ce sujet et il y est écrit notamment : «Fais entendre le rappel, tu n'es que celui qui rappelle et tu n'es pas celui qui impose». Ainsi, appeler les gens à se rendre aux urnes est une manière de leur imposer un choix puisque l'abstention est aussi un droit. Surtout que cette recommandation ne concerne que la religion, et il est complètement exclu qu'elle s'applique à la vie civile. Lorsque la mosquée s'est mêlée de haranguer les parterres de fidèles sur les ravages de la drogue, personne n'y a trouvé à redire d'autant plus que ce fléau peut aisément être combattu par la foi. Mais inviter les gens à aller voter relève de graves amalgames surtout que beaucoup de prieurs boivent littéralement les paroles de l'imam en leur attribuant des contours de sacralité. D'autre part, n'est-ce pas la voie ouverte à tous les partis d'obédience islamiste qui ont trouvé là une aubaine pour mobiliser leurs troupes et engranger autant de voix ? Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.