On achète le permis de conduire comme on achète une baguette de pain. Finies les tracasseries d?un examen qui traîne en longueur, qui use et qui phagocyte argent et temps. Aujourd?hui, beaucoup d?auto-écoles et de moniteurs, censés inculquer aux candidats les rudiments de la conduite, ont changé de vocation pour verser carrément dans le gain facile, à moindre effort. Face à ce terrible secret de Polichinelle, les pouvoirs publics se disent incapables d?entreprendre une thérapie de choc dans ce domaine sans une révision totale de la réglementation. Régies par le code de commerce, les auto-écoles activent librement comme tout autre entreprise, avec une grande marge de man?uvre et imposent leur diktat sur les clients, si ce n?est pas carrément avec un consentement mutuel entre les deux parties. On retient tristement aujourd?hui que des moniteurs sans foi ni loi et de surcroît ne disposant même pas d?une formation adéquate, proposent des permis de conduire à leurs clients moyennant une somme allant de 12 000 à 15 000 DA sans qu?ils passent les examens éreintants du Code et de la conduite. Ces pratiques peu orthodoxes font perdre à ce métier ses lettres de noblesse et aggravent le risque d?accidents de la circulation dans la mesure où les nouveaux «acquéreurs» de permis, le plus souvent des adolescents épris de vitesse, ne respectent jamais les codes universels de la route puisque ne les ayant pas appris? à l?école. Et ce n?est pas sorcier de remonter la filière pour constater l?ampleur des dégâts. Les effarantes statistiques établies périodiquement par la gendarmerie et la Protection civile annoncent que les titulaires de nouveaux permis, donc n?ayant pas l?expérience requise, sont souvent les principaux responsables des accidents meurtriers et que, par ricochet, les responsabilités sont à partager honteusement entre le mauvais maître et son élève.