Cherté - De nos jours, l'Algérien qui veut s'offrir un poulet doit débourser au minimum 700 DA. Ce prix sera sûrement revu à la hausse à l'approche du ramadan. Le prix d'un kg de poulet frais, vidé, est proposé actuellement sur les marchés entre 250 et 300 DA, selon les régions. Un prix qui n'est pas à la portée de tout le monde. Pourtant, la viande blanche est la seule source de protéines animales que l'Algérien pouvait se permettre jusque-là. En effet, la viande rouge est carrément hors de portée des petites bourses, avec des prix avoisinant généralement les 1 200 DA pour le kg de viande de bœuf par exemple. Inutile de parler de la viande de veau ou de mouton qui est encore plus chère. Ce qui fait que l'Algérien demeure parmi les consommateurs les plus faibles au monde avec 9 kg de viande de poulet/an contre 13,5 kg pour l'Européen. Pourquoi le poulet est-il aussi cher ? La réponse est dans l'évolution de la filière avicole qui est pourtant passée de type fermier sans aucune organisation dans les années 1960 à une activité agricole en cours de professionnalisation continue à partir des années 2000. Néanmoins cela n'a pas pu, pour des raisons multiples, «garantir au consommateur algérien des produits avicoles de qualité et à des prix abordables en tenant compte de son pouvoir d'achat». Pourtant les chiffres de cette filière révèlent une certaine évolution. En effet, selon le Pr Hamdi-Pacha Youcef, directeur de l'Ecole nationale supérieure vétérinaire d'Algérie (Ensva), la filière avicole représente ces dernières années 10 % de la production agricole. «Les productions, selon les statistiques de 2011, auraient dépassé les 2.42 millions de quintaux pour les viandes blanches et 3.597 millions d'unités pour les œufs de consommation», a-t-il indiqué, hier, en marge des 10es journées scientifiques vétérinaires organisées au siège de l'Ensva et auxquelles ont pris part des experts et professeurs vétérinaires algériens et étrangers venus de divers horizons pour débattre du développement et de la promotion de la filière avicole en Algérie. Pour le Pr Hamdi-Pacha Youcef, le problème de cette filière réside dans le fait que 80 à 90 % des facteurs de production (œufs de reproduction, poussins, médicaments vétérinaires, aliments, etc.) sont importés. Une dépendance accrue à l'importation avec des sommes importantes. «Pour les matières premières destinées à la fabrication des aliments (maïs et soja), la valeur moyenne annuelle des importations dépasse un milliard de dollars», a-t-il encore indiqué en soulignant que cette situation est une contrainte majeure pour la filière. Aux yeux de M.Hamdi-Pacha, «les effets se répercutent sur la disponibilité des produits avicoles, la stabilité des prix, la protection des revenus des éleveurs et le pouvoir d'achat des consommateurs». La solution, selon lui, doit être le souci de tous les secteurs intervenant dans la sphère socio-économique et consiste à stopper l'importation des intrants et les médicaments à travers le soutien de la recherche vétérinaire.