Vainqueur du Portugal aux tirs au but (0-0, 2-4 tab), l'Espagne disputera la finale de l'Euro dimanche. Après un corner direct bien détourné par Casillas, les Espagnols se sont montrés les premiers véritablement dangereux dans cette demi-finale. A la suite d'un beau mouvement collectif, Arbeloa, dans la surface, a repris du plat du pied, mais sa tentative est passée de peu au-dessus. Les Espagnols ont privé ensuite de ballon des Portugais qui ont refusé de se livrer. Peu avant la demi-heure de jeu, une bonne frappe d'Iniesta a inquiété Rui Patricio. Puis, c'est Cristiano Ronaldo qui s'est montré enfin dangereux, mais sa frappe a manqué de peu le cadre. En deuxième période, les duels étaient toujours aussi âpres et les occasions peu nombreuses. L'entrée de Fabregas à la place de Negredo, invisible, n'y a rien apporté. Dans le temps additionnel, Ronaldo s'est procuré une balle de match, mais le Portugais a envoyé sa balle dans les nuages ! La physionomie du match durant la prolongation est restée la même avec une défense portugaise très solide, à l'image de sa charnière centrale Pepe-Bruno Alves. Et quand les deux ont flanché, c'est Rui Patricio qui a sauvé la maison devant Iniesta, puis Jesus Navas. C'est finalement la séance des tirs au but qui allait départager les deux équipes. Si Xabi Alonso et Joao Moutinho ont vu leur tir repoussé pour débuter, c'est Bruno Alves, avec une frappe sur la barre, qui a condamné le Portugal, Fabregas s'est chargé d'envoyer l'Espagne en finale (0-0, 2-4 tab). Cristiano Ronaldo n'aura même pas tiré. La réalité Bento : «Meilleur qu'eux» Après l'élimination du Portugal face à l'Espagne en demi-finales de l'Euro 2012, Paulo Bento, le sélectionneur lusitanien, a fait part de sa déception. «Je pense qu'on a été meilleur sur les 90 minutes, mais on n'a pas saisi nos occasions. L'Espagne a ensuite été plus forte en prolongation, mais on aurait pu gagner avant, on était vraiment bons en première mi-temps et à la fin de la seconde. Si j'avais dû choisir un moyen de perdre, je n'aurais pas choisi celui-là. L'Espagne est une grande équipe». L'aveu : Del Bosque : «C'était serré» Il est vrai que les premières 90 minutes ont surtout été marquées par les prestations défensives des deux équipes. Il y a eu peu d'occasions de but de part et d'autre. Cet équilibre s'est ensuite un peu rompu à notre profit en prolongation. Le Portugal a livré un très bon match. Mais au final, la chance a fait pencher la rencontre en notre faveur. Tous ou presque ont contribué à ce bon contrôle de Ronaldo. Car Arbeloa a reçu de nombreuses fois l'aide de Piqué, de Ramos et ensuite, quand Ronaldo a changé d'aile, Jordi Alba l'a aussi bien muselé. Mais c'est vrai qu'Arbeloa a fait un très bon match, de la même manière qu'il donne satisfaction depuis le début de cet Euro. Nous devons améliorer notre apport offensif. Mais je crois aussi que dans ce match, nous avons su hausser notre rythme, avec les entrées de Navas et de Pedro qui nous ont fait du bien. Globalement, nous nous sommes tout de même créé plus d'occasions que le Portugal. Concernant une préférence entre l'Italie ou l'Allemagne pour la finale, je dirai aucune. Cela sera de toute façon une excellente finale et notre adversaire sera, quel qu'il soit, un grand rival». Le choix : Xabi Alonso : «Allemagne ou Italie, je n'ai pas de préférence» (Qui de l'Italie ou de l'Allemagne préfère-t-il comme adversaire en finale ?) Je n'ai pas de préférence, les deux sont de très bonnes équipes, ça ne sera pas facile. Il se passera ce qui se passera en finale, le mérite et l'orgueil seront prépondérants, mais il est clair qu'une fois que nous serons sur la pelouse, nous ferons tout pour ramener la Coupe chez nous. (sur son tir au but repoussé par le gardien qui avait été conseillé par Cristiano Ronaldo) J'ai pensé changer ma façon de tirer, il a fait un bel arrêt. Mes coéquipiers ont réparé mon erreur qui, heureusement, est devenue anecdotique». Les louanges : Ramos : «Nous avons le meilleur gardien au monde» «Je suis très fier de l'équipe, de son travail. C'était un match difficile jusqu'au bout et la séance des tirs au but a été décisive. On a de la chance d'avoir avec nous le meilleur gardien du monde (Iker Casillas, ndlr). J'avais prévu de le tirer à la «panenka». J'étais sûr de l'endroit où le gardien allait plonger. Après mon échec en demi-finale retour de la Ligue des champions, des gens doutaient de moi dans cet exercice mais j'avais confiance en moi. C'était un risque mais j'avais confiance». La phrase : Ce que Fabregas a dit au ballon Dernier tireur espagnol lors de la séance de tirs au but contre le Portugal (0-0, 4 t. a. b. à 2), Cesc Fabregas a pris quelques instants pour parler au ballon. Voilà ce qu'il lui a dit. «Il y a quatre ans (lors de l'Euro 2008, contre l'Italie), j'ai dit la même chose au ballon : «Ne me fait pas faux bond», a-t-il lâché. Revenu sur son tir au but victorieux, il a affirmé qu'il voulait se charger du cinquième tir au but. «J'avais un pressentiment que les choses se passeraient bien. On m'a dit que j'allais tirer en deuxième, mais j'ai répondu que je voulais plutôt tirer en dernier. J'avais l'intuition que les choses se passeraient bien et que la vie me réservait quelque chose d'aussi beau que ce moment-là. J'ai eu la bonne intuition, même s'il faut reconnaître que c'est plus facile de tirer pour se qualifier que dans une situation contraire, où si on le manque on est éliminé». La sérénité : Casillas : «Continuer à donner de la joie» «C'est sûr, nous nous souviendrons de ce moment quand le temps passera, surtout quand nous n'atteindrons plus les finales. Tout ça, n'est pas à la portée de tout le monde. L'équipe est là. C'est une équipe qui a été faite à base de souffrance, de critiques, mais grâce à elle, tout le monde est content, le public, la presse et les joueurs. Nous voulons continuer à donner de la joie. D'ici à dimanche, nous allons faire en sorte que tout le monde soit content. Les tirs au but, c'est de la chance...» La tristesse : Ronaldo : «Cela fait mal» Cristiano Ronaldo est partagé suite à l'élimination du Portugal en demi-finale de l'Euro-2012. Evidemment satisfait d'avoir atteint le dernier carré de la compétition et de ne tomber qu'aux tirs au but face à l'Espagne, championne d'Europe et du monde en titre et grande favorite du tournoi en Pologne et en Ukraine, le capitaine lusitanien sentait que son équipe pouvait aller chercher la finale contre la Roja ce mercredi soir : «Je n'ai pas vraiment eu d'opportunité de marquer. J'essaie toujours de faire de mon mieux. On était bien dans le tournoi mais on ne gagne pas par manque de chance. On est frustrés de s'arrêter-là. Mais on doit aussi être fiers de notre parcours». L'histoire : L'Espagne comme la RFA de 1976 L'Espagne devient la troisième nation de l'histoire, après la RFA de 1972, 1974 et 1976, à enchaîner trois grandes finales : Euro puis Coupe du monde puis à nouveau Euro. L'Allemagne, championne d'Europe et du monde en titre, avait été battue en finale de l'Euro par la Tchécoslovaquie. La Roja a la chance de pouvoir devenir la première équipe au monde à avoir enchaîné trois titres majeurs, après l'Euro 2008, la coupe du monde 2010 et éventuellement si elle remporte cet Euro 2012. La finale : Remake ou retrouvailles en finale L'Espagne, qualifiée pour la finale de l'Euro-2012, rencontrera pour le titre continental dimanche à Kiev le vainqueur d'Allemagne-Italie, soit le remake de la finale de l'Euro-2008 avec la Mannschaft, soit les retrouvailles avec l'Italie qui l'avait neutralisée au 1er tour de cet Euro. Dans les deux cas, la Roja sera en quête d'un triplé inédit Euro-Mondial-Euro. Contre l'Allemagne, il s'agirait donc du remake de la finale de l'Euro-2008 remportée 1 à 0 par la Roja grâce à un but signé Torres. Les retrouvailles pourraient aussi se conjuguer avec l'Italie car Espagnols et Italiens se sont déjà croisés le 21 juin 2008 en quarts de finale de l'Euro. Le match s'était fini aux tirs au but (Espagne victorieuse), avec une opposition à distance de deux des meilleurs gardiens du monde, Iker Casillas et Gianluigi Buffon, qui sont toujours là. Mais ces deux équipes se sont affrontées plus récemment au premier tour de cet Euro. Le 10 juin 2012, à Gdansk, à la surprise générale, l'Espagne avait été obligée de courir après le score face à l'Italie 1-1. Ce nul avait donné de l'espoir aux futurs adversaires de l'équipe de Vicente Del Bosque.