Ténacité - Les gardes communaux ont improvisé un camp dans les champs avoisinant la base aérienne de Boufarik. Un camp qu'ils appellent symboliquement «Le camp de la dignité perdue». InfoSoir les a accompagnés, l'espace d'une demi-journée caniculaire de ce mois de jeûne, identique à toutes celles déjà vécues par les hommes en bleu, loin des leurs. 17h 30. Nous parvenons après près d'une heure de route à Boufarik. Le centre ville de cette localité où les tables, garnies de qalb louz, zlabias... sont visibles dans les moindres recoins, grouille de monde. L'odeur de la zlabia parfume toute la ville. Encore deux heures et demie nous séparent de l'heure de la rupture du jeûne. Notre destination est Garouaou. C'est là où nous avons rendez-vous avec le porte-parole des gardes communaux, Hakim Chouaib. Des abris, essentiellement en roseaux, sur lesquels flotte l'emblème national, sont érigés à perte de vue. Ils renseignent, dès les premiers instants, sur la vie menée de ce côté de la ville de Boufarik par les agents de la Garde communale. La chaleur avoisine les 35°. Cela ne les a pas découragés. Ils sont allongés, pour la plupart, à même le sol à la recherche d'un peu de fraîcheur. «On a vu pire. Il n'est pas évident de jeûner dans ces conditions certes, mais la lutte paie. C'est notre manière à nous de nous faire entendre par les autorités compétentes qui, au lieu de nous écouter, nous ignorent», nous dit-on d'emblée. «Pourtant, toute la République reconnaît notre rôle dans la lutte antiterroriste, nous qui avons payé notre courage au prix fort de la vie de bon nombre de nos collègues tombés en martyrs», souligne, pour sa part, El Hadi, garde communal venu de Dellys, avant d'être interrompu par un autre de Chlef. Ce dernier, père de trois enfants, a été affirmatif. «Les terrains hostiles, nous y sommes habitués. La peur ne fait pas partie de notre langage et ce n'est pas aujourd'hui que cela va commencer. Il n'est plus question de songer à faire marche arrière. On y est, on y reste. La balle est désormais dans le camp du pouvoir. On ne demande pas la lune mais simplement que les agents de la Garde communale soient estimés à leur juste valeur», a-t-il relevé. Pas vraiment besoin d'aller poser la question aux autres 5 000 gardes communaux présents sur les lieux. La réponse est identique. L'amertume aussi.