Lacune - Faisant fi de la réglementation en vigueur, les cafés, restaurants et autres lieux publics, condamnent l'accès des lieux d'aisances pour des raisons loin d'être défendables. La capitale souffre d'un manque criant en toilettes publiques et cela au grand dam des habitants et des personnes de passage. C'est la gent féminine qui reste toutefois la plus touchée, notamment les femmes originaires des localités avoisinantes et qui se déplacent à Alger pour de nombreuses raisons. Les urbanistes ont totalement négligé ces réalisations, pourtant essentielles, prenant le risque de voir se transformer nos villes, villages et agglomérations en urinoirs à ciel ouvert. Un des équipements urbains les plus nécessaires à l'être humain, a disparu de nos villes. Le chef-lieu de la capitale qui est un passage obligé pour des milliers de visiteurs, n'est doté d'aucun urinoir, si ce ne sont ceux des rues Asselah-Hocine et Hassiba Ben Bouali. Ailleurs, c'est le néant. «La capitale est connue pour être une grande vespasienne à ciel ouvert. En centre urbain ou en périphérie, pas un seul coin à l'abri des regards n'est épargné par l'odeur d'urine qui s'en dégage. Même les cages d'escaliers et les couloirs d'immeubles», nous dit un citoyen au niveau de la rue Larbi-Ben-M'hidi. L'absence de civisme des habitants et le manque de toilettes publiques y sont pour beaucoup. Pour rappel, l'annonce qui avait été faite pour la réalisation de cinq cent mille toilettes publiques dans le pays, est restée au stade de l'instruction uniquement. Une entreprise spécialisée dans la production en série de ce type d'infrastructure, avait été mise en place. Elle avait pour objectif de procéder à la fabrication en série de vespasiennes monocoques en béton armé. Il s'agit d'un procédé inventé par des Algériens et homologué sur la base d'un brevet d'invention enregistré le 25 septembre 2005 sous le n°050344 à l'Inapi. «Le réseau des eaux usées étant disponible, la fourniture et la pose de ces toilettes ne nécessitent qu'une heure de temps.» «Gérée, chacune, par au moins 2 personnes, ces toilettes sont destinées aux usagers des 2 sexes.» «L'installation de cet équipement urbain ne nécessite pas un financement important. Il peut être créateur d'emploi, et classifie à lui seul le statut d'une ville. Les toilettes publiques sont une nécessité pour une ville qui prétend devenir un jour un pôle national du tourisme», nous dit également un élu local de la commune de Gué de Constantine. Certes, certains argumentent le déficit par l'existence des cafés, qui sont dotés de W.C, «mais combien sont-ils opérationnels et, de plus, est-il de notre culture de voir une femme pénétrer dans un estaminet et demander l'accès aux toilettes ? Dire oui, c'est mentir ! Car même nos femmes les plus émancipées ne s'aventurent pas dans ces lieux et les raisons de ce comportement nécessitent une large réflexion. Cette absence de vespasienne au niveau de la wilaya d'Alger, incite la gent masculine surtout, en cas de besoin urgent, à chercher un coin isolé», relate un enseignant de l'université d'Alger, accosté à l'intérieur d'un café de la place Audin. Combien de personnes ont-elles, un jour ou l'autre, été témoins d'un homme se soulageant dans la nature ou à un coin de rue, voire de chemin ? L'installation d'un tel équipement urbain est aujourd'hui une urgence d'autant plus que cette anomalie ne peut être décelée que par un étranger à la ville. «Car celui-ci peut se passer de fontaine en achetant une bouteille d'eau minérale, il peut se passer d'hôtel car il peut passer la nuit à la belle étoile surtout en cette période, mais se soulager ou faire ses besoins n'est pas si facile, même la nuit», ajoute notre interlocuteur. «Que nos élus se mettent un seul jour à la place de la femme, alors ils comprendront la nécessité des vespasiennes », explique une dame au niveau du boulevard Colonel Amirouche à Alger.