Résumé de la 97e partie - Gaitskill conseille à Sophia de ne pas renflouer l'Associated Catering car il considère que Roger n'a pas le sens des affaires... Je n'aurais pas cru que mon père m'aurait infligé une telle humiliation, méconnaissant par là la dévotion... je ne vois pas d'autre mot... que je lui ai portée, d'un bout à l'autre de mon existence. Pour la première fois, son calme l'abandonnait. — Comment a-t-il pu me faire cela ?... Il n'a jamais été juste avec moi. Jamais ! il... Edith de Haviland lui coupa la parole. — Non, Philip, il ne faut pas croire ça ! Aristide n'a voulu humilier personne. Mais les vieilles gens se tournent volontiers vers la jeunesse... et il avait, lui, un sens très aigu des affaires. C'est souvent qu'il m'a dit qu'avant de mourir un homme avait le devoir... Philip, à son tour, interrompit sa tante. — Il ne s'est jamais soucié de moi !... Il n'y en avait que pour Roger ! Roger par-ci, Roger par-là ! Une expression que je ne lui avais jamais vue déformant ses traits, il ajouta sarcastique : — Ce qui me console, c'est qu'il s'est tout de même rendu compte que Roger n'était pas un phénix ! Roger se trouve logé à la même enseigne que moi ! — Et moi, alors, qu'est-ce que je dirais ? C'était Eustace qui intervenait. Jusqu'alors, j'avais à peine remarqué sa présence. Je le regardai. L'émotion le faisait trembler et son visage était cramoisi. Il avait, me semblait-il, des larmes dans les yeux. — C'est honteux ! poursuivit-il d'une voix qui me perçait le tympan. Comment grand-père a-t-il pu me faire ça ? Comment a-t-il osé ? J'étais son unique petit-fils et, à cause de Sophia, il fait comme si je n'existais pas ! C'est injuste et je le déteste ! Oui, je le déteste ! Et, je peux vivre cent ans, je ne lui pardonnerai jamais ! Ce vieux tyran ! Sa mort, je l'ai bien souhaitée ! Ce que j'ai pu désirer le voir hors de cette maison et être enfin mon propre maître ! Et, maintenant, non seulement c'est Sophia qui va me faire tourner à sa fantaisie, mais en plus j'ai l'air d'un imbécile ! Je voudrais être mort... Sa voix se brisait. Il quitta la pièce, fermant la porte sur lui avec fracas. Edith de Haviland fit claquer sa langue et dit : — Cet enfant ne sait pas se dominer. — Je comprends fort bien ce qu'il ressent ! déclara Magda. — Je n'en doute pas ! répliqua Edith d'un ton acide. — Le pauvre chéri ! Il faut que j'aille le consoler... — Voyons, Magda... Edith sortit sur les talons de Magda. Sophia restait debout devant Philip. Il s'était repris et avait recouvré tout son calme. Son regard demeurait de glace. — Tu as bien joué ta partie, Sophia ! Ayant dit cela, il se retira. Sophia se tourna vers moi et je la pris dans mes bras. — Il n'aurait pas dû vous dire ça, chérie ! C'est tellement méchant ! Elle eut un sourire un peu triste. — Il faut se mettre à leur place ! — Je sais. Mais votre vieux brigand de grand-père aurait dû prévoir tout ça... (A suivre ...)