Résumé de 4e partie Les têtes des gens brûlaient et les enfants s?enflammaient les premiers. Les tornades de feu brûlaient le dessus de la foule debout, la plupart des gens ne pouvant même pas se coucher, tellement ils étaient serrés les uns contre les autres. «La panique était franchement abominable. Mon père m?a crié : ?Couche-toi sur tes petits frères ! Vite ! Protège-les de ton corps !? Nous pouvions le faire, en nous glissant sous une charrette. Mon père l?a fait, ma mère aussi. Mes petits frères hurlaient, tout le monde hurlait. Alors, monsieur, je n?ai pas pu me contrôler. Cette fois, j?ai désobéi à mon père? Je ne me suis pas couché sur mes petits frères?» Le jeune Tanaka se tait un instant et contemple l?abominable colline de cendres et de minuscules débris d?os devant lui. «C?est pour cela qu?ils sont là, et que moi je vous parle? Je devrais être dans cette cendre, mélangé avec eux !? ? Mais qu?as-tu fait, Tanaka ? Comment es-tu sorti de cet enfer ? ? Monsieur, vous voyez, pour mes seize ans, je suis petit et je suis très agile. Mon père m?appelait ?le singe? ! Eh bien? J?ai marché sur la tête des gens, monsieur ! J?ai marché sur la tête des gens dont les cheveux brûlaient ! J?ai escaladé des grappes humaines qui brûlaient debout ! Ce que j?ai vu et senti en fuyant comme un singe, monsieur, m?empêche maintenant de dormir? Très vite, je me suis trouvé éloigné de mes parents et de mes petits frères. En marchant, en sautant sur les gens en feu, je suis arrivé au mur. Il y avait une charrette qui commençait à brûler. j?ai réussi à me hisser sur le mur. J?ai sauté dessus et je suis tombé à plat ventre. La tôle était presque rouge, regardez mes mains brûlées, monsieur, et mes coudes et aussi mes genoux et ma joue ! J?ai roulé en bas, dans des planches qui brûlaient. La douleur m?a fait me relever d?un bond, j?ai couru, couru avec une main sur la bouche pour ne pas avaler la fumée, les yeux me piquaient, à travers des ruelles carbonisées. Je suis arrivé au fleuve et j?ai sauté dedans. L?eau était presque aussi chaude que celle de nos bains. j?ai vu des gens tout nus, qui plongeaient la tête dans l?eau. Je sentais la mienne tout enflée. J?ai aussi plongé la tête, et j?ai bu, j?ai bu? Pendant que je buvais, de l?enceinte du Hifukusho me parvenait une rumeur de feu, des crépitements, des sanglots, des hurlements? J?ai dû m?évanouir.» «Quand je me suis réveillé il faisait nuit, très nuit. J?ai attendu le lendemain et j?ai voulu rentrer dans l?enceinte du Hifukusho. Je n?ai pas pu. Il y avait une couche de cendres encore brûlante, partout. La cendre des gens, monsieur ! Pendant huit jours je suis revenu, derrière les sauveteurs qui ramassaient la cendre avec des pelles, des brouettes et des charrettes, et en faisaient des tas. J?ai à peu près retrouvé l?endroit, à dix mètres près, où j?avais laissé mon père, ma mère et mes quatre petits frères. C?était de la cendre, comme partout.» (à suivre...)